"La cattiva", de Lise Charles, prix de la romancière 2013
Un roman suprenant par son ton qui vous transporte tout de
suite dans un climat qui rappelle à la fois La Princesse de Clèves et les
parapluies de Cherbourg. On est en Italie, c'est l'été, et Marianne, une jeune
femme d'une vingtaine d'années, s'ennuie avec son amoureux, un peu plus âgé,
bardé de références culturelles, prof de grec pas vraiment un dieu grec :
pas solaire pour un sou, un ventre trop blanc, un sérieux déprimant, des manies
prétentieuses sans le savoir, qui dit que l'écriture est son "hobby", mais qui le prononce en aspirant le h, "hobby". Il a une belle demeure familiale du côté de Ferrare, il
descend d'un pape, mais il est aussi sérieux comme un pape et Marianne
s'ennuie. Et là où c'est intéressant, et c'est ce qui me plait beaucoup dans le
roman, c'est qu'elle se venge de cet ennui avec une perversité tout à fait
savoureuse, très cruelle, cruelle comme savent le faire si bien les femmes ...
Le titre, La cattiv a, rappelle le mot français "la
captive", mais en italien cela veut dire "la méchante". Comme
on le dit à un enfant turbulent, "cattivo bambino !". Alors
évidemment, cela peut agacer, comme un film de Rohmer, ou de Godard, peut
agacer. C'est bardé de références littéraires, cela fait aussi penser à la
Prisonnière de Proust, on parle beaucoup de poésie, d'alexandrins, on s'en
moque aussi, c'est cruel et bon.
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