Le petit écran s'intéresse à la Grande Guerre
La Première guerre mondiale n'a jamais été oubliée, non, bien au contraire, il suffit de se plonger dans les albums de Tardi pour s'en convaincre, il suffit également de regarder le formidable documentaire en cinq parties, Apocalypse , présenté il y a peu de temps sur le service public et déjà disponible en DVDs.
Elle a simplement été peu représentée. Pourquoi ? Pour une raison simple: la reconstitution historique était très onéreuse. Il était compliqué de montrer les combats dans les tranchées. Alors on prenait des angles différents comme dans Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. On montrait un autre aspect de cette guerre multiforme.
Il y avait aussi des sujets que l'on avait du mal à aborder tant les blessures restèrent profondes. Ainsi Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, sorti en 1957, ne fut montré en France qu'en 1975.
Il y a deux manières de regarder cette période de l'histoire marquée
par les erreurs de la hiérarchie militaire, la folie meurtrière du
commandement, son mépris des vies humaines et sa détermination à gagner à
tout prix. Rien d'autre n'était envisageable que la victoire, pour l'un
et l'autre camp.
La première manière est d'illustrer et d'étudier la contrainte que
l'autorité a fait peser sur les soldats, comment elle les a maintenus
dans la peur d'être fusillés en cas de désertion ou de rébellion.
Comment le pouvoir a écrasé et imposé et comment les hommes de la base
ont tenté, tant bien que mal de s'opposer à l'entêtement devastateur de
leurs chefs.
La deuxième, certainement plus subtile, qui convient sans doute mieux
au développement en forme sérielle, consiste à comprendre ce qui a fait
tenir ces hommes lancés jour après jour à l'assaut du camp adverse avec
pour seule certitude que le front ne bougerait pas, qu'il n'y aurait
pas de vainqueur ce jour-là, ni le jour suivant, ni encore celui
d'après.
Il s'agit de comprendre quelles étaient leurs motivations face à
une mort quasiment certaine, qu'est-ce qui les faisait admettre et
supporter des conditions inhumaines. La contrainte ne pouvait sans doute
pas y suffire. Le fol espoir d'une lumière au bout du tunnel, d'une
"der des der", d'une guerre pour mettre fin à toutes les guerres à
venir, les notions aujourd'hui désuettes d'honneur, de sacrifice et de
solidarité. Sans doute.
Sources documentaires
The Crimson Field aborde avec beaucoup de nuances cette seconde question. Le récit est placé dans un hôpital militaire britannique, quelque part en France, à ce point de contact entre le front et l'arrière. L'histoire est celle de quatre infirmières volontaires qui tentent d'apporter leur contribution à l'effort national.
On voit le conflit à travers leurs yeux, au travers de leur sensiblité. On ne voit pas la guerre, on ne voit que ses conséquences et d'une certaine manière c'est tout aussi spectaculaire et cela pose la question de l'engagement avec autant de force. On évite le misérabilisme et l'apitoiement. On sonde la psychologie d'une nation.
Ceux de 14 est adaptée des récits de Maurice Genevoix considérés comme des sources documentaires essentielles. Le témoignage de l'écrivain est riche et s'attarde sur des choses presque triviales. Six épisodes seront diffusés en novembre prochain sur France 3. Deux ont été présentés dans le cadre du Festival Séries Mania.
La réalisation est un tantinet vieillote, mais certains dialogues se révèlent pleins d'un humour présent dans le récit de l'auteur de Raboliot. On aurait sans doute aimé une mise en scène un tout petit plus audacieuse. Cela est d'autant plus dommage qu'il y avait une matière riche, abondante et maléable.
Pour ceux que les fictions de guerre intéressent, il est possible d'assister au [colloque "Guerres en séries"](http://www.u-picardie.fr/jsp/fiche_actualite.jsp?STNAV=&RUBNAV=&CODE=1394715820621&LANGUE=0 "Colloque "Guerres en séries"") (lien cliquable), organisé du 11 au 13 juin au Logis du Roy à Amiens, par Marjolaine Boutet, maître de conférence à l'université de Picardie-Jules Verne.
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