Le très humain "Guide du loser amoureux", de Junot Diaz
S'il est célèbre aux Etats- Unis, Junot Diaz, qui a reçu en 2007,
le prestigieux et prescripteur prix Pulitzer, reste une découverte en France où
il très peu connu.
Junot Diaz est né à Saint Domingue en 1968, et s'amuse
beaucoup de son étrange prénom Junot, nom d'un général de Bonaparte, qu'il explique
ainsi : sa mère avait rencontré un haïtien qui portait ce nom et elle lui
a donné comme prénom parce qu'elle trouvait que cela sonnait bien. A 6 ans, il
rejoint son père dans le New Jersey, devient un lecteur vorace (il est prêt à
marcher des kilomètres pour aller emprunter des livres à la bibliothèques), et
vingt ans plus tard entre avec fracas dans la littérature américaine avec un
recueil de nouvelles intitulé Comment sortir avec une Latina, une Black,
une blonde ou une métisse (Plon, 1998). C'est avec la Brève et merveilleuse vie
d'Oscar Wao (Plon) qu'il reçoit le prix Pulitzer.
Le guide du loser amoureux
Son dernier livre pourrait se résumer par une phrase :
la vie est brève et le désir sans fin.
Un désir pour les filles, convoitées par ce loser amoureux. Junior
est un gentil macho adepte de musculation et fan de littérature SF qui
collectionne les ruptures parce que c'est un cœur d'artichaut. Il va céder à la
catholique et pulpeuse Magdalena, à la couguar et filiforme miss Lora, mais
aussi à Nilda, à Alma... chacune de ces "chicas" faisant l'objet, et
le sujet, d'un chapitre de ce guide qui n'est pas pour autant un catalogue de
conquêtes, mais une sorte de biographie érotico-sentimentale, à la fois très
cru et très poétique, qui fait penser à Bukowski, à Miller aussi, surtout à
cause de la langue, qui joue sur tous les registres, est pleine de mélancolie
mais aussi pleine d'humour, pleine d'émotion mais aussi pleine de dérision.
Un livre sur la condition humaine
L'autre dimension, très touchante, très instructive aussi,
du livre, raconte, dans l'une de ses nouvelles, l'exil, qui la plus
insupportable des ruptures. L'exil de ces cubains, portoricains, dominicains,
qui sont partis pour les Etats-Unis avec une boîte à cigare rempli de billets neufs
et qui sentaient le gingembre avec un encouragement du grand père. Avec
toujours, cet humour ravageur qui fait de ce recueil de nouvelles la meilleure
des consolations pour les cœurs brisés.
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