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Les séries donnent aux chaînes leur identité

SundanceTV avait réussi une superbe entrée en matière l'an passé en proposant deux séries d'une grande beauté et originalité: Top Of The Lake de la réalisatrice Jane Campion et Rectify de Ray McKinnon. La chaîne revient avec une troisième fiction originale The Red Road qui peine à rivaliser avec ses devancières, démontrant combien il est difficile pour une chaîne de se fabriquer une identité.
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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P endant longtemps, l'identité des chaînes de télévisions a été dictée par ses animateurs vedettes, les retransmissions de certains événements sportifs, des talks shows, certaines émissions emblématiques ou encore en France par le sacro-saint journal de 20 heures.

Cette tendance n'a pas encore totalement disparu chez nous comme en témoigne la bataille pour l'access prime-time , cette espèce de rampe de lancement qui doit mener le téléspectateur comme un bovin docile jusqu'au début de la soirée où lui seront fourguées des cargaisons de publicité avant un programme de divertissement.

A terme, cette structure de la diffusion est condamnée et les choses ont déjà commencé à changer. Ce qui fait aujourd'hui l'identité d'une chaîne, c'est la fiction originale qu'elle propose. La célèbre chaîne HBO fut la première (après avoir débuté dans les retransmissions sportives) à le comprendre et à le mettre en oeuvre à la fin des années 90.

Elle a été imitée par Canal+ en France et par AMC aux Etats-Unis, par exemple. En développant de la fiction télévisée innovante, ambitieuse et originale, ces chaînes ont acquis une identité. Cette observation vaut également pour Arte qui depuis quelques années mène une politique exigeante dans sa programmation: tant sur les productions originales françaises que dans les achats de séries étrangères.

On ne peut pas gagner à chaque fois

C'est cette évolution qui a convaincu Sundance TV (autrefois Sundance Channel ), spécialisée dans le cinéma indépendant, les documentaires, les mini-séries à investir un champ dans lequel l'offre de nouveaux programmes est de plus en plus pléthorique.

Pour se distinguer et être identifiée, Sundance qui est également diffusée en France a logiquement misé sur ce qui la caractérise depuis des années: la fiction d'auteur, si tant est que l'on puisse définir cela d'une manière précise. En 2013, elle a lancé successivement Top of the Lake de la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion et Rectify du scénariste Ray McKinnon.

L'une et l'autre série ont été acclamées par la critique. Ces débuts prometteurs semblaient de bon augure pour la suite: des histoires construites sur la lenteur, avec des personnages centraux complexes, des enjeux personnels forts et en toile de fond un thème "concernant": le peine de mort ou la violence familiale. Avec The Red Road, on évoque la question de l'intégration, celle des Indiens d'une communauté du New Jersey dans la population blanche d'une petite ville proche de New York.

Malheureusement le scénario que l'on doit à Aaron Guzikowski, qui a écrit le film Prisoners avec Hugh Jackman sorti l'an passé, peine à trouver un véritable rythme, à imposer un ton original. Même si la série constitue une déception par rapport à ces deux dévancières, elle entre parfaitement dans la ligne "éditoriale" de la chaîne. Et The Red Road vient confirmer une orientation tranchée à laquelle la chaîne semble vouloir être fidèle.

On ne peut pas réussir à chaque fois et paradoxalement, The Red Road donne envie de savoir ce que Sundance TV a dans ses cartons en attendant la saison 2 de Rectify le 19 juin.

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