"Notre quelque part," de Nii Ayikwei Parkes
Nous sommes au Ghana, dans un petit village africain, et nous écoutons un vieil homme, Yao Poku, un ancien chasseur de la forêt, gardien de la mémoire du lieu, grand amateur de vin de palme, nous raconter, avec ses mots à lui, sa langue chatoyante, ce qui vient de se passer dans le village.
Il nous raconte comment son cousin Kofi est né avec le mauvais œil car on n'a pas enterré son cordon ombilical, et surtout comment, un jour, la maîtresse du ministre, une jolie fille maigre, dit-il, "qui portait une façon de jupe petit petit là", arrive dans le village en voiture, en sort pour poursuivre un magnifique oiseau à tête bleue, tandis que son chauffeur poursuit son derrière comme la poussière, arrive au seuil de la case de Kofi et se met à hurler.
Que s'est-il passé ? Elle a découvert quelque chose d'atroce.
Aussitôt les policiers arrivent, et comme c'est la maîtresse du ministre, interrogent tout le monde, et notamment Yao Poku, le vieil homme, qu'ils emmènent découvrir ce que la jolie fille a trouvé dans la case et qui l'a fait hurler de peur. On est donc dans une ambiance polar. L'un des charmes de ce livre, c'est cette langue totalement baroque dont on ne comprend pas certains mots mais dont on arrive à saisir le sens.
L'auteur, Nii Ayikwei Parkes, est né en 1974, est aussi romancier que poète, imprégné de jazz, et adore cette forme de poésie parlée qu'on appelle le spoken word. Il faut saluer le talent de la traductrice, Sika Fakambi, qui nous restitue en français et à merveille cette langue totalement physique et sonore qui réjouit l'âme, qui mélange, l'anglais créolisé, et le dialecte twi qui est l'un des plus parlés au Ghana, et un anglais plus classique.
Notre quelque part , de Nii Ayikwei Parkes, aux éditions Zulma
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