"Dreyfus", la nouvelle oeuvre de Michel Legrand
Il fallait oser raconter en musique l’affaire Dreyfus, cette erreur militaire dans la France antisémite de la fin du 19e siècle lorsqu’un capitaine de l’armée est emprisonné pour traîtrise et finalement sauvé par le fameux texte d'Émile Zola paru à la Une du quotidien l’Aurore, intitulé "J’accuse".
Pour transformer cette histoire en œuvre musicale, Michel Legrand et son auteur, le romancier Didier Van Cauwelaert ont pris le parti pris de raconter cette histoire à travers le traître de l’affaire, Ferdinand Esterazy. Michel Legrand et Didier Van Cauwelaert ont aussi démultiplié les personnages et les lieux.
Il y a le cynique ministre de la Guerre Auguste Mercier qui cherche un bouc émissaire, juif de préférence, pour l’acte de traîtrise qui a eu lieu, car comme l’explique le personnage : " dans cette France antisémite, si l’on choisit un capitaine juif, le peuple le croira ".
Il y a le sinistre journaliste collabo avant l’heure, Edouard Drumont, qui dans le journal « La Libre Parole » lance un jeu-concours pour que les lecteurs suggèrent la meilleure manière "d'anéantir la force des juifs ".
Apparaissent également le commandant Henry, expert dans la production de faux documents, ou encore l’attaché militaire allemand qui chante son amour pour la vie parisienne.
Autant de moments truculents et sombres entièrement chantés, parfois sur un rythme martial, rythmés par les apparitions du traître Esterazy qui n’hésite pas à chanter haut et fort qu’il est une ordure.
Alors au milieu de tout cela, le capitaine Dreyfus et sa femme qui échangent une étroite correspondance ont droit aux moments les plus lyriques.
Ils sont interprétés par deux habitués de la comédie musicale en France, Vincent Heden qui jouait cette année dans Disco, et Rachel Pignot, dans Sister Act, à qui Michel Legrand durant les répétitions glissaient quelques indications…
La mise en scène est habile, le décor fourmille de petites cases comme dans une bande dessinée, pour permettre à l’action de se dérouler dans plusieurs endroits en même temps. Des projections vidéo permettent de situer l’action sur l’Ile du Diable ou dans une rue de Paris.
Par contre ne parlez surtout pas à Michel Legrand de comédies musicale, pour lui c'est un opéra.
Dreyfus se joue à l’Opéra de Nice jusqu’au 6 juin.
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