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"Les enfants de la Libération" (8/8) : Une ferme pas tout à fait comme les autres

Notre série "Les enfants de la Libération" au plus près de la Résistance. Quelques jours avant le 80e anniversaire du Débarquement, Gérard Vaesen se rappelle de l'année de ses 12 ans. Cette année-là, il a été évacué de Lyon et a passé quelques mois dans une ferme, pas tout à fait comme les autres, "une ferme du maquis".
Article rédigé par Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Gérard Vaesen se rappelle de l'année de ses 12 ans, l'année de la Libération en 1944. (WILLY MOREAU / RADIO FRANCE)

Lyon a été une citadelle de la Résistance et a voulu mériter ce titre jusqu'au bout de la guerre, les armes à la main. Parmi les traces laissées le jour de Libération, les ponts du Rhône et de la Saône ont sauté et sont en ruine. Gérard a d'ailleurs été témoin d'un bombardement en face de sa maison. Après avoir grimpé avec son frère sur le toit, ils ont vu le bombardement de la place Jean Macé. Un bombardement "où les Américains se sont loupés complètement", raconte Gérard. Ils visaient la gare, mais ont touché le quartier autour. "La gare était intacte" et "les trains ont toujours passé", se rappelle-t-il.

Refuge dans les monts du Lyonnais, haut lieu de la Résistance

Son père, directeur d'une fabrique de soie, décide alors de déplacer les enfants à la campagne, à Aveize dans les monts du Lyonnais. "J'ai été très bien reçu, raconte Gérard, j'étais très bien soigné, ils étaient très gentils". Puis son visage se plisse dans un sourire amusé : "Il y avait un garçon presque de mon âge. On faisait des bêtises et on se faisait engueuler. On montait sur le dos des cochons ! Oui... Ils avaient aussi beaucoup de vaches."

Mais dans cette grande ferme bien organisée, il y avait un endroit, "à l'opposé presque de la maison d'habitation, dans une aile de la ferme", où la nuit, "c'était un cirque". La ferme était en fait "un grand repère" du maquis. Gérard revit cette époque : "J'entends le bruit la nuit, ils venaient chercher du grain ou du lait ou de la crème." Il ajoute plus tristement : "Il y avait entre autres la femme d'un des principaux maquisards du coin qui s'était fait massacré à Roanne." Des maquisards descendus par les Allemands à cause d'une mitraillette repérée dans leur voiture. La radio marchait tout le temps aux heures des repas, se souvient Gérard. "Ces fermes des Monts du Lyonnais, décrit-il, c'était comme des forteresses toutes fermées. Les Allemands n'osaient pas venir s'y frotter parce qu'ils savaient que là, il aurait fallu mettre un paquet énorme."

La Libération de Lyon, le 3 septembre 1944

Le jour de la Libération de Lyon, les troupes françaises du général de Lattre de Tassigny, remontant la vallée du Rhône, sont entrées dans la ville. "Moi je n'y étais pas. J'étais là-haut, relate Gérard. Mais je peux vous dire que je voyais passer des camions qui amenaient les maquisards ou qui les ramenaient." Ce jour-là, pas de fête particulière, non, dans son souvenir : "Pour eux, c'était normal, ils s'étaient bagarrés, c'était la Libération. Ils étaient juste contents, bien sûr, mais sans plus." Quinze jours trois semaines plus tard, c'est son frère qui était dans le maquis qui le ramène à Lyon, où Gérard était "tout heureux de [se] balader avec un militaire."


"Une ferme pas tout à fait comme les autres", épisode réalisé par Willy Moreau. "Les enfants de la Libération", un podcast original franceinfo avec la Mission Libération, à retrouver sur franceinfo.fr, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.

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