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Les infox de l'Histoire : "1633, le procès de Galilée, la religion contre la science"

"L'idée que la terre tourne autour du soleil est idiote, absurde et philosophiquement hérétique, car elle contredit la doctrine de la sainte Église", affirmait le cardinal Bellarmin, à Galilée, en 1616. Le 12 avril 1633, dans une pièce du couvent Santa Maria de Rome, un vieil homme en chemise de pénitent s'avance devant ces juges. Accusé d'hérésie après avoir écrit que la Terre tourne autour du soleil, il sait ce qu'il risque. Quelques années plus tôt, parce qu'il avait dit la même chose, les livres de Copernic avaient été mis à l'index par le tribunal de l'Inquisition, et le dominicain Giordano Bruno avait été brûlé vif. Ils avaient mis en cause une croyance bien établie depuis 2000 ans, depuis qu'Aristote, Ptolémée et plus tard l'Eglise romaine affirmait que le soleil tourne autour de la Terre et que celle-ci est immobile au centre de l'univers et c'est parce qu'il avait démontré et écrit le contraire que Galilée comparaissait devant ses juges. Patrice Gélinet revient sur ce procès aux côtés de Sophie Roux, professeure d'histoire et de philosophie des sciences à l'Ecole normale supérieure et auteur de nombreuses publications sur Galilée dans plusieurs revues scientifiques.

Patrice Gélinet : Galilée était donc au centre d'un des conflits les plus célèbres entre la religion et la science, quand il a démontré, il y a 400 ans que la terre tournait autour du soleil, ce qui est pour nous évidemment aujourd'hui une évidence, mais qui, à l'époque de Galilée, était une hérésie. Pendant plus de 2 000 ans, on a cru que c'était le soleil qui tournait autour de la Terre et que celle-ci était immobile au centre de l'univers. C'est ce qu'on appelle le géocentrisme. 

Sophie Roux : Penser dans l'antiquité que la Terre est au centre de l'univers, que les étoiles sont fixées sur une grande sphère qui délimite tout l'univers et que les planètes et le soleil se meuvent entre les deux, ce n'est pas de la mal information ou de la désinformation. En fait, c'est ce que tout le monde, en tout cas les plus savants pensent, puisqu'ils ont mis en place un modèle géométrique qui rend compte d'un certain nombre d'observations. 

La réalité n'est pas forcément la vérité. Lorsqu'il y a une contradiction entre la science et l'écriture, c'est que la science est dans l'erreur. Si vous avez la preuve que la Terre tourne autour du soleil, il vous faudra éviter de le dire. Alors, est-ce que c'est vraiment ce qui a été recommandé à Galilée ? 

C'est tout à fait ce qu'on lui a recommandé. On parlait de Copernic, ce qui explique qu'il n'y ait pas eu de protestations de l'Eglise entre la publication du livre de Copernic et 1615, c'est le fait que cet ouvrage de Copernic a été précédé d'une préface dans lequel, qui n'était pas écrite par Copernic mais par un proche de Copernic, qui affirmait que l'héliocentrisme était seulement une hypothèse, que c'était donc une sorte de modèle mathématique qu'on ne devait pas prendre au sérieux, sinon pour faire des calculs. Et en fait, c'est cette position qu'on appellerait instrumentaliste dans la philosophie des sciences contemporaines qui est recommandée par Bellarmin à Galilée en 1616. C'est-à-dire qu'on ne lui interdit pas de parler d'héliocentrisme, mais on lui dit : "Vous devez présenter cela seulement à titre d'hypothèse mathématique pour faire des calculs". Et ça, c'est la chose que Galilée refuse parce qu'il pense qu'il a la vérité. 

Avec "Les infox de l’Histoire", la troisième saison du podcast de la Fondation Descartes en partenariat avec franceinfo, voyagez à travers les époques au cœur des grands épisodes de désinformation. Patrice Gélinet et ses invités exposent et analysent les infox qui ont défrayé la chronique de l’antiquité à nos jours. Complotisme, désinformation, rumeurs, calomnies, emballements médiatiques… Une troisième saison de huit épisodes pour décrypter les mensonges de l’Histoire.

Producteur : Patrice Gélinet
Réalisatrice : Gilles Blanchard
Documentaliste/Attachée de production : Juliette Marcaillou
Technicien : Lucas Derode