Ma vie face au cancer (8/16) : "J'ai l'impression d'être un clown avec ma perruque"
Après l'annonce de son cancer, Clémentine dit deux choses à sa mère : "Maman je ne veux pas mourir" et "Je ne veux pas perdre mes cheveux". L'idée de devenir chauve l'angoisse : "Mon moi, mon visage va changer. Le changement d'identité par le physique, je ne voyais que ça." Mais au premier rendez-vous pour la chimiothérapie, l'oncologue estime qu'avec son traitement, à priori, elle ne devrait pas perdre ses cheveux. "J'ai alors un soulagement pas possible. Je suis hyper rassurée alors que sincèrement, avec le recul, mes cheveux, ce n'était rien à côté du reste."
Malheureusement, Clémentine perd ses cheveux "parce que la science n'est pas exacte ou alors parce que la chimio fonctionne très bien sur moi et détruit hyper bien les cellules." Elle ne perd pas tous ses cheveux, mais environ 50% et avec un résultat qui devient "inesthétique" : "On voit qu'il y a une perte de volume. Quand je m'attache les cheveux, ça fait des trous par endroits."
Clémentine se rend chez un capillariste de la région parisienne et finit par prendre deux foulards et une perruque. "La première fois que je sors avec ma perruque, j'ai l'impression que les gens ne voient que ça. Alors que pas du tout, de ce que me dit mon conjoint et mes parents, ça ne se voit pas. Mais le premier jour où tu sors avec ta perruque, tu as l'impression d'être un clown."
"Tata, tu ressembles à un garçon"
Malgré certains avantages, Clémentine ne s'est jamais vraiment acceptée avec sa perruque. "Tu ne peux pas te passer la main dans les cheveux avec une perruque. C'est terrible ! J'ai toujours beaucoup passé la main dans mes cheveux. Donc, quelque part, tu sais tout le temps que ce n'est pas toi. Tu as le geste et puis tu t'arrêtes."
Clémentine n'apparaît la tête nue que devant son conjoint, ses parents et ses sœurs. Pour les autres, sans la perruque, elle enfile un petit bonnet pour embellir un peu. Lors d'un dîner de famille, elle revient dans le salon sans perruque et sans bonnet. "Ma nièce Valentine, de cinq ans, me dit : 'Mais Tata, tu ressembles à un garçon, sourit Clémentine. C'était au mois de décembre et je la revois au mois de mai, avec des cheveux qui ont repoussé et elle m'a dit : 'Tata, tu as des tout petits cheveux'.' Pour Clémentine, "c'est si innocent… Moi, je me suis embarrassée de beaucoup de complexes et eux, finalement, c'est très simple : ma maladie fait tomber mes cheveux, je les coupe court, j'ai des petits cheveux, ça s'arrête là."
Les cheveux de Clémentine ont repoussé, mais la perruque est encore dans sa salle de bain. Elle ne l'a pas remisée "un peu par superstition". Elle va laisser pousser ses cheveux au moins jusqu'à un carré long, sa coiffure d'avant. "J'ai trop besoin de passer la main dans mes cheveux. C'est obligatoire. J'ai besoin de retrouver mes cheveux. C'est mon identité." Et dans l'avenir, dans "un an et demi, facile, j'aurais peut-être les cheveux super longs, super beaux, super brillants et je passerais la main dedans".
"Ma vie face au cancer : le journal de Clémentine", un podcast original franceinfo de Clémentine Vergnaud et Samuel Aslanoff, à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.
Production : Clémentine Vergnaud et Samuel Aslanoff
Réalisation et mixage : Pauline Pennanec'h, Valentine Joubin, Samuel Aslanoff, Cherif Bitelmadji, Frederick Vigneau, Raphaël Rasson et Thomas Coudreuse
Création sonore : Bruno Carpentier, Hervé Bouley
Musiques additionnelles :
French 79, Between the buttons
Rone, Opening
Bibi flash, Histoires d'1 soir
Clara Luciani, Respire encore
René Aubry, Replay
N'TO, Time et Invisible
M83, Outro
Scarlet pleasure, What a life
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