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Élections législatives en Grèce, demain dimanche 21 mai : les Grecs devront choisir entre 36 partis

Les élections législatives en Grèce avec le décryptage de la journaliste grecque, Maria Denaxa, selon laquelle les principaux partis ne parviendront pas seuls, ou en coalition, à atteindre 46% des voix, parce que beaucoup de Grecs, à 24h de ce scrutin, n'ont pas encore décidé pour qui ils vont voter, et même s'ils vont voter.
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Ce dimanche 21 mai 2023, Les  grecs sont appelés aux urnes pour renouveler pour quatre ans les 300 députés de leur Parlement. (Illustration) (TRAFFIC_ANALYZER / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Focus sur les élections législatives grecques, ce dimanche 21 mai, afin de renouveler pour quatre ans les 300 députés du Parlement grec. Décryptage avec Maria Denaxa, journaliste grecque, correspondante à Paris.  

franceinfo : Maria Denaxa les principaux candidats en lice sont l'actuel Premier ministre Kyriákos Mitsotákis, le dirigeant de Nea Democratia, Nouvelle Démocratie, le parti conservateur, l’opposition, d’abord le parti Syriza, la gauche d’Aléxis Tsipras, et le Pasok, les socialistes de Níkos Androulákis. Comment se présente ce scrutin ? 

Maria Denaxa : Les trois candidats essayent chacun de leur côté de gagner plus d'électeurs actuellement. Mais je pense que le jeu, ça va se définir plutôt auprès de la dynamique des petits partis, soit des satellites des conservateurs, soit des satellites des partis de gauche, qui jouent un rôle décisif dans le résultat de l'élection de demain, et aussi les coalitions.

En tout cas, les électeurs peuvent choisir demain entre 36 partis. C'est certain que demain, les principaux partis ne parviendront pas seuls ou en coalition, à atteindre 46% des voix parce que beaucoup de gens actuellement en Grèce, bien que nous soyons 24h avant l’ouverture des urnes, n'ont pas encore décidé pour qui ils vont voter et s'ils vont voter, alors c'est fort probable d'avoir un marathon électoral après ce premier scrutin, donc un second rendez-vous électoral en juillet. 

Comment s'est déroulée la campagne électorale ? 

Durant cette campagne, et dans les programmes présentés par les principaux partis, c'est la question du pouvoir d'achat, et donc de l'économie, qui était au cœur des débats. Pour mémoire, le pays est sorti très affaibli d'une décennie de crise économique, où les politiques d'austérité ont notamment imposé une baisse drastique des salaires et des retraites.  

Pour vous donner un exemple, les pensions des retraités ont diminué en moyenne de 20 à 40%. Et il faut dire que, à l'heure où les pays se félicitent d'accompagner le retour de la croissance, et celui des investisseurs étrangers, ce sont l'inflation et les prix de l'énergie qui s'envolent. Alors, pendant la campagne, les conservateurs de Nouvelle Démocratie proposent par exemple d'augmenter le salaire moyen de 25%, au cours de leur éventuel prochain mandat. À gauche, Syriza évoque, de son côté, le relèvement du salaire minimum à 880 euros, et un coup de pouce aux pensions des retraités.  

franceinfo : Depuis la crise de 2009, les Grecs ont connu les politiques d'austérité sous la gauche de Tsipras, puis des conservateurs. Aujourd'hui, le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, sort affaibli par divers scandales, et l'accident ferroviaire du 28 février dernier, causant la mort de 57 passagers, dont beaucoup de jeunes, ce qui a provoqué la colère au sein de la population avec de nombreuses manifestations qui dénonçaient la négligence du système ferroviaire grec, en partie privatisé à la demande de l'Union européenne dans le cadre de la crise de la dette publique.  

Maintenant, il y a aussi les primo-arrivants, la jeunesse grecque qui a grandi au rythme des crises financières, sanitaires et environnementales, qui secouent le pays depuis 15 ans. Quel est le sentiment général des Grecs ? 

Maria Denaxa : C'est un dégoût général des gens. En même temps, l'inquiétude de demain, on va où ? On ne prête plus attention aux vrais problèmes des gens, et cette situation-là est intenable. Plus la Grèce plonge dans l'austérité, dans l'absurdité, plus les gens vont vers les extrêmes, et le futur des jeunes grecs qui ne vont pas voter demain, ou qui vont voter les extrêmes. 

Dans le calendrier, cette élection grecque se trouve juste entre le premier et le second tour des élections en Turquie. Ces élections turques ont-elles une influence en Grèce ? 

Les Grecs, les autorités grecques, mais le peuple grec, suivent de très près les élections en Turquie, malgré le fait que nous savons que si Erdogan gagne, ou si Kiliçdaroglu gagne, rien ne va changer au sujet des relations entre la Turquie et la Grèce. On n'est pas très optimiste sur ce sujet. On ne pense pas qu'il va y avoir un apaisement, comme tout le monde souhaite.    

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