Micro européen. Bulgarie : le "cauchemar" de Bruxelles
La Bulgarie est une république parlementaire, un état membre de l'Union européenne avec plus de sept millions d'habitants, l'un des plus pauvres d'Europe. Un pays gangrené par la corruption. Des milliers de jeunes Bulgares partent à l'étranger pour travailler et font vivre le pays en entretenant leurs familles restées sur place.
Si tout a commencé en 681, soit la naissance du premier royaume bulgare danubien, par l’unification des tribus slaves et bulgares venues du Danube inférieur au VIe siècle, la Bulgarie commence à poindre entre 852-888, où le pays est converti au christianisme de rite grec par les frères Cyrille et Méthode, qui apportent l’écriture cyrillique. À savoir que Cyrille et Méthode, évangélisateurs des Slaves du sud avaient aussi apporté l’écriture cyrillique aux Croates, mais avec une inspiration de l’alphabet éthiopien, ce qui a donné naissance à l’alphabet glagolitique, donnant naissance au mouvement historique et culturel de la "Glagolitsa".
Quant à la Bulgarie, cette évangélisation a été accompagnée par l’édification de monastères orthodoxes bulgares élaborant l’identité nationale bulgare. Les Bulgares connaîtront aussi un siècle d’or entre 893-927, où le Tsar des Bulgares, Siméon le Grand, tentera de conquérir Byzance, sans suite, faisant que la Bulgarie orientale et occidentale redeviendra ensuite un ensemble de provinces byzantines.
L’époque la plus tragique se déroulera durant le deuxième royaume de Bulgarie et la chute du Tsar Ivan III, en 1393, où le pays tombera sous la coupe et la longue occupation ottomane de cinq siècles. Ainsi la Bulgarie débarrassée des Ottomans renaîtra en 1878 par le traité de San Stefano, fin du conflit russo-turc. Mais la Bulgarie restera soumise à Istanbul.
Des erreurs dans l’histoire
Puis la Bulgarie a tendance à se tromper dans ses alliances. Tout d’abord durant le premier conflit mondial de 1914-1918, elle est l’alliée des empires centraux et se voit contrainte, lors de la signature du Traité de Neuilly, de céder la Macédoine à la Grèce, tout en conservant l’accès à la mer Égée, et la Dobroudja.
Puis, durant les années 30, sous Boris III, elle reste alliée, encore une fois, avec les puissances de l’axe, ce qui lui vaudra un coup d’état en faveur de l’URSS en 1944, dès lors une Bulgarie occupée par l’armée rouge. Il faudra à ce pays attendre 1989, soit l’effondrement du bloc soviétique, pour retrouver le chemin de la démocratie, et en 2007 son entrée dans l’Union européenne.
Une classe politique tourmentée
Bien que les scandales divers et variés impliquant membres de la classe politique et hommes d’affaires secouent la Bulgarie, on ne peut pas dire que ces scandales aient terni le parti du premier ministre bulgare, Boïko Borissov, puisque ce parti de centre droit a gagné les dernières élections européennes.
Cette république de type présidentielle, constitution de 1991, est un système monocaméral qui compte 240 députés élus pour 4 ans. Boïko Borrisov, ancien maire de Sofia, est premier ministre pour la troisième fois. Si Boïko Borrisov possède un curriculum vitae un peu terne, il n’en est pas de même du Président de la république, Roumen Radev, ancien officier général de l’aviation bulgare, qui a été soutenu par le parti socialiste bulgare pour son élection en 2017.
Une situation nationale tendue
Si les Bulgares n’hésitent pas à descendre dans la rue pour exprimer leur mécontentement face à la situation nationale, ces mêmes Bulgares sont témoins de scandales à répétition qui ne peuvent qu’attiser leur colère, bien légitime.
Quand ce ne sont pas les oligarques qui se voient compromis dans des affaires plus que louches, la classe politique et administrative de haut niveau est aussi impliquée dans de sombres affaires de détournement de fonds européens, ou de chantiers gigantesques dont le pouvoir en place fait fi de l’atteinte à l’environnement, y compris dans des zones classées "Natura 2000" sous protection européenne.
Quant au tourisme, promoteurs immobiliers ou touristiques sont peu regardant sur la préservation des sites touristiques, du moment que l’endroit génère plus de profits que de devoirs. Ainsi, dans le cadre d'une enquête portant sur le possible détournement de dizaines de millions d'euros destinés au développement touristique, un vice-ministre bulgare de l'économie, Alexandar Manolev, a été mis en examen pour fraude aux fonds européens, quand il était vice-ministre du Tourisme.
Mais il n’y a pas qu’Alexander Manolev qui a été mis en cause, puisque cette enquête ouverte par le parquet de Sofia concerne l'affectation réelle de 746 maisons d'hôtes à vocation touristique qui ont été bâties de 2007 à 2013 avec 100 millions d'euros de fonds européens. Qui plus est, l’enquête se poursuit sur l'utilisation d'une centaine de véhicules et de yachts également acquis avec des fonds européens à des fins touristiques, et loin de s’arrêter là, elle concerne aussi des transactions immobilières douteuses.
Responsables politiques et ministres ont démissionné, et bien que membre de l’Union européenne, la Bulgarie n’ayant pas vraiment suivi le code bruxellois se voit aujourd’hui regardée de près par les autorités communautaires. Quant à la Bulgarie, elle voit partir les forces vives et grises du pays vers l’étranger. D’ailleurs les Bulgares partants sont ceux qui font vivre la Bulgarie puisqu’ils entretiennent leur famille restée sur place.
L’orthodoxie bulgare
Dans ce pays, un des plus pauvres de l’Union européenne, la religion orthodoxe est toujours vivace, trois quarts des Bulgares se réclament de l'orthodoxie, 95% déclarent aller à l'église au moins une fois par an. Et dans la situation actuelle, l’église reste un refuge pour une population mise à mal, dont l’avenir semble nuancé de gris.
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