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Micro européen. Ces dates méconnues ou oubliées de la construction européenne : 1955, la Conférence de Messine

Dans son rendez-vous "Micro Européen", José-Manuel Lamarque et son invité, Jean-Dominique Giuliani, nous font découvrir ou redécouvrir les grandes dates qui ont marqué la construction européenne. Samedi 7 août, la Conférence de Messine qui a eu lieu du 1er au 3 juin 1955.

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Temps de lecture : 5min
Les ministres des Affaires étrangères des Six se sont réunis à Messine (Italie) les 1, 2 et 3 juin 1955. De gauche à droite : Jan Willem Beyen (Pays-Bas), Gaetano Martino (Italie), Joseph Bech (Luxembourg), Antoine Pinay (France), Walter Hallstein (FRG) et Paul-Henri Spaak (Belgique). (- / INTERNATIONAL NEWS PHOTOS (INP) /AFP)

Après la déclaration du 9 mai 1950, où Robert Schuman et Konrad Adenauer voyaient dans la réconciliation franco-allemande la condition et le fondement de l'Union européenne, le second acte "européen" est en 1952 la Communauté européenne de défense (CED).

Il s’agissait d’un projet de création d'une armée européenne, comportant des institutions supranationales et sous la supervision du commandant en chef de l'Otan. À savoir que le commandant en chef de l’Otan était lui-même nommé par le président des États-Unis. Le projet de CED devint un traité signé par 6 États le 27 mai 1952, puis ratifié par la République fédérale d'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas le 30 août 1954, mais pas par la France.

La France rejetait la CED, d’abord en raison de la présence de l’armée allemande renaissante, avec des officiers issus de la Wehrmacht et donc du réarmement de l’Allemagne, et aussi en raison du commandement américain. Ainsi l’Assemblée nationale rejetait la CED par 319 voix contre 264. L’Europe était en panne, Joseph Staline était décédé et la guerre froide continuait son long chemin.

Comment relancer le projet européen ?

Telle est la question après l’échec de la CED. L’idée vient du ministre italien des Affaires étrangères : organiser une conférence dans sa région à Messine, afin de réunir les "Européens" pour trouver une autre issue. Cette réunion deviendra la conférence de Messine du 1er au 3 juin 1955, qui va réunir les ministres des Affaires étrangères des six pays membres de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA),  soit Gaetano Martino pour l’Italie, Joseph Bech pour le Luxembourg qui présidera la réunion, Antoine Pinay pour la France, Walter Hallstein pour la République fédérale d'Allemagne, Paul-Henri Spaak pour la Belgique et Johan Willem Beyen pour les Pays-Bas.

Relancer la construction européenne, telle est la base de cette conférence, mais comment ? Tout d’abord, les négociations vont porter sur deux piliers. Après la CECA, penser aux transports, à l’énergie et l’énergie nucléaire naissante, ensuite aller vers une unité économique plus forte. En somme, suite au mémorandum initié par le Benelux, il s’agit d’étendre l’intégration européenne à différents secteurs de l’économie, ce qui deviendra le marché commun.

Des idées européennes diverses et variées

Les six de Messine ne voient pas l’Europe de la même manière. Quand la supranationalité est mal comprise par certains, les pouvoirs du politique et de l’économie heurtent les autres, et il en va de même, de concert, quant à une extension des pouvoirs de la CECA. Pourtant, il faut coûte que coûte poursuivre le projet européen. En la matière, un échec serait du plus grand ridicule face à l’opinion internationale, voire anglo-saxonne. Ainsi donc c’est un engagement commun des 6, qui exprime la poursuite d’une Europe unie, en développant des institutions communes, réunir au mieux les économies nationales et vœux très pieux, voire trop, harmoniser les politiques sociales.

Un aspect très géopolitique

En ce début de décolonisations anglaises et françaises, l’Inde, la fin de la guerre d’Indochine, le début de la guerre d’Algérie, l’indépendance tunisienne, la préparation de l’indépendance du Maroc, sans oublier la Guerre de Corée et le début de la "déstanilisation", l’Europe ne peut aller que de l’avant malgré la présence américaine sur le continent ouest européen.

Ainsi l’Europe se doit de garder sa place dans le concert des nations et conserver bien entendu son influence. N’oublions pas que cette Europe-là continue sa reconstruction, venant de quitter les restrictions, elle se doit d’aller vers un niveau de vie correct pour ses populations.

Qui plus est, ce sont ces Européens de l’Ouest qui reconnaissent l’importance d’une énergie atomique pacifique. Cette conférence va donc relancer la construction européenne. Pour l’histoire, un des pères de l’Europe, Jean Monnet quittera la présidence de la haute autorité de la CECA au profit de René Mayer, ancien président du Conseil des ministres français. En conclusion, un comité de délégués gouvernementaux et d'experts sera chargé de travailler sur un marché commun européen et une organisation atomique européenne, ouvrant la route aux Traités de Rome de 1957.

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