Micro européen. Le clientélisme d’Alexis Tsipras et l’Église orthodoxe grecque
L’Église orthodoxe grecque, un état dans l’état.
L’Église orthodoxe de Grèce est autocéphale et administrée par le Saint-Synode ; et la religion orthodoxe est la religion dominante en Grèce. Pour bien appréhender l’actualité grecque, le mieux est d’intégrer une formule simple mais très explicite : la Grèce est grecque et les Grecs sont grecs, la Grèce est orthodoxe et les Grecs sont orthodoxes. Une fois cet apophtegme acquis, on comprend mieux l’âme et l’identité grecque.
L’histoire au service de l’Église orthodoxe grecque
Le 25 mars 1821, l'archevêque de Patras en Grèce donne le signal de la rébellion contre la tutelle ottomane. Ainsi commence la guerre d’indépendance grecque mettant fin à quatre siècles d’occupation ottomane. Durant cette occupation l’Église orthodoxe grecque était la seule institution grecque reconnue par les autorités ottomanes, cette institution marquait la permanence de l’identité grecque, son rôle a été prépondérant durant l’occupation, seul lien avec l’héritage grec.
Elle a permis aux Grecs de ne pas perdre leurs racines, leur langue, leur religion. L’école dite "de la nuit" était l’école assurée la nuit par les popes qui enseignaient aux enfants la langue et la culture grecque. L’Église orthodoxe grecque préservait ainsi la tradition byzantine et la langue grecque.
La question du legs ottoman
La législation du legs ottoman stipulait qu’un non-musulman ne pouvait léguer ses biens à ses descendants, seulement à une autorité religieuse. C’est ainsi que nombre de Grecs se sont tournés vers leur église, et l’Église orthodoxe grecque est devenue une riche héritière. Aujourd’hui, après 10 années de crise économique, les services sociaux grecs n’étant pas à la hauteur du phénomène, c’est l’Église orthodoxe grecque qui vient au secours des plus démunis, en commençant par des soupes populaires quotidiennes. Ainsi, on comprend mieux l’attachement des Grecs à leur église et les liens indéfectibles entre l’Église orthodoxe grecque et l’état.
Les appétits politiques d’Alexis Tsipras
Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, s’étant toujours présenté comme athée, a basé une partie de son programme politique à s’opposer à l’Église orthodoxe grecque. Pour se faire, il tente depuis bien longtemps de desserrer les liens entre l’église et l’état. Mais il est plus facile pour lui de traiter avec la Commission européenne ou le FMI qu’avec l’Église orthodoxe grecque.
Tout d’abord, Alexis Tsipras et ses amis ont toujours souhaité réformer le statut des popes en Grèce, en supprimant le statut de fonctionnaires aux 10 000 popes du pays, et en leur proposant d’être payés sur des fonds publics mais qu'ils ne soient plus des fonctionnaires.
C’était sans compter sans le comité des représentants de l’Église orthodoxe, le Saint Synode, l’organe décisionnel de l’Église orthodoxe grecque et l’archevêque leronymos, l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce. Les autorités orthodoxes grecques ne sont pas opposées à négocier avec l’actuel gouvernement grec, mais présentent depuis bien longtemps un refus net et clair aux réformes envisagées par Alexis Tsipras.
Les désespérantes promesses de campagne d’Alexis Tsipras
Depuis de longs mois, le gouvernement grec d’Alexis Tsipras a du mal à parvenir aux promesses de campagne de son premier ministre. Concernant la séparation de l’église et de l’état, le changement interviendrait tout d’abord dans la constitution puisque cette dernière est écrite "Au nom de la Trinité sainte, consubstantielle et indivisible".
Mais le chemin sera très long pour défaire le nœud gordien entre l’Église orthodoxe grecque et l’État grec. Parce que les Grecs sont très attachés à leur église, et qu’elle est l’institution la plus puissante en Grèce ; et que les désirs d’Alexis Tsipras sont bien éloignés de la réalité du pouvoir de l’Église orthodoxe grecque, chez elle, en Grèce.
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