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Micro européen. Le Portugal aux prises avec une situation en clair-obscur

Les bords du Tage sont frappés par les variants du Covid-19. 

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Lisbonne, place du Commerce, le 10 février 2021.  Le Portugal vaccine entre 100 000 et 150 000 personnes par jour mais la deuxième vague de la pandémie est très sérieuse et le confinement strict jusque début mars.  (JORGE MANTILLA / NURPHOTO / AFP)

Marcelo Rebelo de Sousa (72 ans), candidat à sa succession a été réélu au Portugal, au dernier scrutin présidentiel de 2021 à un seul tour. Il est journaliste, juriste et professeur d’université. Le Portugal a donc une nouvelle fois un président de la République, aux pouvoirs moins étendus qu’en France, de droite avec un gouvernement de gauche, celui du Premier ministre, Antonio Costa.

Un président proche des Portugais

Mais comme le précise notre invitée, la journaliste Ana Navarro Pedro, c’est l’occasion pour Marcelo Rebelo de Sousa, qui ne pourra plus se représenter encore à sa succession, de regrouper la droite portugaise assez dispersée pour le prochain scrutin législatif. Il faut dire que Marcelo Rebero de Sousa a su construire son image, très médiatique et proche des consommateurs portugais, il n’a pas été rare de le voir faire ses courses, faire la queue à une caisse enregistreuse avec son caddie, ou se rendre à la plage sans escorte.

Marceko Rebelo de Sousa a été réélu président de la République du Portugal à Lisbonne, le 24 janvier 2021. (PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP)

Marcelo Rebelo de Sousa fut aussi touché par le Covid-19, deux semaines avant l’élection présidentielle il était testé positif asymptomatique, et s’isolait dans le palais présidentiel lisboète. Pour le moins, son chemin sera long pour re-fédérer la droite portugaise dont certains électeurs se sont tournés vers le nouveau parti nationaliste "Chega".À noter qu’à cette dernière élection, 2 Portugais sur 3 n’ont pas voté, une abstention remarquée.

Une médecine portugaise sur le pied de guerre

Dès l’apparition du coronavirus en 2020, le Portugal a été à la peine. Le mercredi 18 mars 2020, l’état d’urgence était décrété dans le pays, sans confinement total, mais avec une interdiction de déplacement. Aujourd’hui, le Portugal vit dans un confinement très strict, surtout pour les personnes positives, dont les amendes et les conditions d’ouverture des commerces sont peut-être les plus strictes d’Europe.

Si pour ce pays d’un peu plus de 10 millions d’habitant, le 18 mars 2020, 642 cas de Covid-19 étaient confirmés, ils sont aujourd’hui de 778 369 pour 14 885 décès. Ce pays fortement touché par la crise économique de 2008 subissait des coupes énormes dans ses finances publiques, entre autres, le système de santé, et les drames sanitaires se succédaient. Faute de moyens financiers de nombreux Portugais, surtout les plus âgés, ne pouvaient se rendre à l’hôpital, faute de transports ou du coût élevé des taxis, et/ou en l’absence de couverture sociale, ils étaient les premières victimes de la crise. Depuis l’apparition de l’épidémie les médecins hospitaliers portugais poussaient un cri d’alarme, face au manque de moyens.

Aujourd’hui, les personnels hospitaliers portugais sont toujours à pied d’œuvre, les médecins en retraite sont toujours disposés à reprendre du service, même si le Portugal a fait appel à des médecins militaires allemands dernièrement, l’ensemble de la médecine portugaise tient toujours "le coup", malgré une situation très inquiétante, c’est aussi cela la marque de la résilience portugaise. Toutefois la situation épidémique au Portugal s’est améliorée par rapport à la situation critique d’il y a trois semaines, où la deuxième vague affolait l’Europe.

Économie et épidémie, le combat de tout un peuple

L’économie portugaise a connu une légère avancée lors des vacances d’été, une croissance de 0,4% au dernier trimestre, évitant ainsi la récession. Il faut dire que le Portugal est totalement dépendant du tourisme, sans parler des nombreux retraités européens dont beaucoup de Français.

En 2019 le tourisme représentait 22% du PIB, et autre source importante pour le Portugal, les exportations, 44% du PIB, dépendant donc de la conjoncture internationale liée aujourd’hui à l’épidémie de Covid-19. Mais comme le rappelle notre invitée, si le Portugal a évité la récession, l’économie portugaise a reculé de 7,6% à la fin de 2020. 

Enfin, les fêtes de Noël 2020 furent marquées par une forte fréquentation de touristes britanniques, quand les Portugais vivant au Brésil retrouvaient leurs familles pour les fêtes, ainsi que les Portugais vivant en Afrique du Sud, sans oublier les Brésiliens résidants au Portugal, faisant un aller-retour, donc un grand brassage de population générant la forte influence du variant anglais, même si des cas de variant brésilien ont été confirmés. Marcelo Rebelo de Sousa et Antonio Costa ont du pain sur la planche…    

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