Micro européen. Les "sardines" à l’italienne, le mouvement des anti-nationalistes italiens
Le nouveau mouvement anti-Salvini en Italie a pour nom : "Les Sardines". Avec José-Manuel Lamarque, le journaliste italien, Daniele Zapalla, correspondant du quotidien "Avvenire" à Paris, présente aujourd'hui ce mouvement citoyen qui vient de naître en Italie pour s’opposer au parti nationaliste.
Comme nous l'explique notre invité, le journaliste italien, Daniele Zapalla, correspondant du quotidien Avvenire à Paris, un nouveau mouvement citoyen vient de naître en Italie pour s’opposer au parti nationaliste, les Sardines.
Serrées dans une boîte ou vivant en banc, les sardines ne sont jamais solitaires, plutôt solidaires et nourrissant les plus pauvres, c’est le message des Italiens anti-nationalistes qui ont choisi les sardines comme symbole. Né à Bologne, ville historiquement de gauche, après la victoire de la Ligue en Ombrie, capitale Pérouse, qui dorénavant dirige cette région qui fut longtemps à gauche, les Sardines fédèrent dans toute l’Italie l’opposition au parti nationaliste.
Du fascisme aux sardines
Depuis la fin du fascisme après la Seconde Guerre mondiale, l’Italie politique a dû se réorganiser. De la démocratie chrétienne de Gaspéri au parti communiste de Togliatti, l’Italie se reconstruisait politiquement sur le chemin de la démocratie de la nouvelle république italienne. Jusqu’à la fin du XXe siècle, le paysage italien était composé de partis classiques, dans une Italie traversant les dernières décennies du XXe siècle, entre les scandales politico-financiers et les années de plomb du terrorisme.
Toutefois, les partis restaient "traditionnels", y compris les radicaux de Marco Pannella qui a vu naître sa célèbre égérie, Emma Bonino. Mais une autre mouvance était en train de naître en vue du XXIe siècle, dans une Italie divisée politiquement entre nord et sud, mais surtout n’ayant rien perdu de sa mosaïque régionale, et régionaliste. La preuve par ses journaux quotidiens qui, tous, sont fabriqués et imprimés dans une ville différente, du Corriere della Sera à La Repubblica, en passant par Avvenire.
De la vision politique au désir d’imagerie
Si le cinéma italien dès 1945 a marqué une page historique de l’Italie, dénonçant le fascisme, la pauvreté, le désespoir d’un peuple souvent condamné à l’exil, de Sica, Rossellini, Germi, Zampa, Emmer ou de Santis furent non seulement de grands créateurs et réalisateurs mais aussi, avant l’heure, des lanceurs d’alerte quant au devenir d’une Italie en reconstruction, à l’avenir supposé moderne mais très incertain. En fin de siècle, si la France a connu Coluche, l’Italie vit surgir le comique Beppe Grillo.
Son patronyme n’est d’ailleurs pas anodin, car le grillo en italien est un grillon, et le grillon symbole de bonheur dans le sud de l’Europe est aussi en Italie symbole de conscience, on le retrouve dans l’œuvre de Collodi, Pinocchio, accompagné du "grillo parlante", le grillon parlant, la conscience de Pinocchio. Ainsi, le désir de Beppe Grillo d’être une nouvelle conscience italienne, le comique une fois connu devint le candidat anti-système, et donna naissance au mouvement "Cinque Stelle" les cinq étoiles.
Des étoiles aux sardines
Si le Mouvement cinq étoiles a remporté les villes de Rome et Turin en 2016, il gouverne en coalition avec le parti de Salvini en 2018, et reste en coalition sans la Ligue en 2019 avec le parti démocrate, et d’autres petits partis italiens. Du mouvement anti-système les cinq étoiles font se demander si aujourd’hui seraient plutôt un mouvement "clé anglaise" adaptable à tous supports. On retiendra surtout son nom, cinq étoiles, marquant une nouvelle ère de dénominations politiques imagées.
L’arrivée des Sardines n’est donc pas une surprise en Italie, rejoignant peut-être la tradition de la commedia dell'arte, haute en couleurs. Pour l’heure, le mouvement des Sardines se veut un rempart contre Salvini, qui demeure l’homme fort de l’Italie. Son désir de revenir aux affaires est favorisé par un certain déséquilibre dans la gouvernance du pays aujourd’hui, dont les futures élections régionales du 26 janvier 2020 peuvent voir ressurgir une Ligue du Nord renforcée, et en ordre de marche, car si une majorité de régions basculent en faveur de la Ligue, la situation nationale deviendra ingouvernable.
Une Italie dans le doute…
À l’image de sa voisine croate, où le premier tour des élections présidentielles dimanche dernier, 22 décembre, a vu le candidat social-démocrate en tête, rien ne dit que le 5 janvier prochain le report des voix nationalistes vers l’actuelle très conservatrice présidente mènera la Croatie vers une très droitière gouvernance. Pour l’Italie, le résultat des élections régionales de fin janvier étouffera ou pas le parlement et le gouvernement, offrant ou pas à Salvini un retour aux affaires, à Rome !
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