Une fondation pour la reconstruction face aux conflits et au changement climatique

Focus sur la "World Monuments Fund", une organisation non gouvernementale internationale et indépendante, qui se consacre à la préservation du patrimoine culturel de l'humanité, et des sites historiques exceptionnels, dans le monde entier.
Article rédigé par franceinfo - José Manuel Lamarque
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
13 mars 2017. Musée de Mossoul en Irak. Les forces irakiennes constatent les dégâts dans le musée saccagé par des membres du groupe Etat islamique, une semaine après avoir repoussé les jihadistes. Aujourd'hui, la WMF reconstruit le musée et Le Louvre s'occupe de la restauration des oeuvres. (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Micro européen est consacré aujourd'hui à la découverte d'une fondation peu connue, voire mal connue, la World Monuments Fund, WMF, soit la Fondation des Monuments du Monde, avec sa directrice générale, Mathilde Augé. 

franceinfo : Qu’est-ce que la WMF ? 

Mathilde Augé : La World Monuments Fund est aujourd'hui une des principales ONG dans le monde en charge de la protection du patrimoine. 

En charge de la protection du patrimoine, on pense bien sûr en cas de conflit, donc la reconstruction ?  

Nous avons une politique de réponse aux situations de crise, extrêmement active. Il y a les catastrophes d'origine naturelle, comme les tremblements de terre, beaucoup actuellement, mais aussi, évidemment, les conflits. Ce qui appelle une politique de reconstruction, en effet.  

Vous êtes une ONG internationale. Vous avez 50 projets dans 34 pays. Commençons par l'Europe avec des projets de préservation, la France, le Portugal, l'Espagne par exemple, ou le Royaume-Uni ?

Des projets de préservation, de restauration, par exemple, en France, nous venons de restaurer une chapelle de l'église Saint-Eustache à Paris. Au Royaume-Uni, nous travaillons sur les grandes serres de Kew Gardens, pour adapter les serres actuelles aux enjeux contemporains, et notamment, au réchauffement climatique.

Au Portugal, il s’agit du port de Lisbonne, avec un projet passionnant où nous sommes en train de restaurer des fresques modernistes dans le port de Lisbonne, qui est un lieu très mal connu, très peu ouvert, mais qui a vocation, ensuite, après l'achèvement des travaux de restauration, d'être ouvert au public.  

Puis des projets au Cambodge, en Irak, le musée de Mossoul, en Afrique aussi...

Nous travaillons beaucoup au Cambodge, et nous étions la première organisation à intervenir au Cambodge, après la chute des Khmers rouges. Ici, nous travaillons dans le grand temple de Preah Khan. En Afrique, c’est un très grand projet à la Maison du Peuple de Ouagadougou qui est un bâtiment d'architecture moderne construite par René Faublée. Et en Irak, c’est un très, très grand projet de reconstruction du musée de Mossoul, que nous menons en partenariat avec le musée du Louvre, le Smithsonian et la Fondation Aliph.  

Parce que le musée de Mossoul avait été fortement touché en Irak, voire détruit... 

On se souvient des images des grandes œuvres du musée de Mossoul, détruites effectivement au marteau-piqueur. Donc le Louvre se charge de la restauration de ces œuvres. Et le WMF s'occupe de la reconstruction du musée.  

Et puis, avec nous, Katarina Gontcharova qui est ukrainienne. Katarina Gontcharov est en charge de l'évaluation des dommages en Ukraine. À quel niveau ?  

Katarina Gontcharova : La Fondation s'est engagée à soutenir le projet d'évaluation des dommages au début de la guerre, parce que nous nous devions absolument de disposer d'informations complètes sur les sites culturels qui avaient été endommagés, et qui le sont encore, au fur et à mesure que la guerre se poursuit…  

Vous avez des exemples à nous donner ? 

Notre équipe a procédé à l'évaluation des dommages sur place pour plus de 800 sites.  

Vous voulez dire des musées, des églises ? 

Ces bâtiments ont une importance historique définie, et une importance nationale ou locale, selon les registres ukrainiens du patrimoine culturel, y compris les sites architecturaux, les cimetières, les musées, les sites archéologiques. 

Mathilde Auger, 50 projets pour 34 pays dans le monde, dont ce projet ukrainien. Comment procédez-vous, est-ce que vous intervenez, ou on vous demande d'intervenir, les acteurs locaux ? 

Mathilde Augé : Nous fonctionnons beaucoup par des appels à candidatures avec notre principal dispositif, qui s'appelle la Watch. C’est un appel à candidatures tous les deux ans, et ça nous permet, en s'appuyant sur nos jurys d'experts internationaux, de dresser une liste de 25 sites en péril dans le monde, que nous allons ensuite accompagner de différentes manières selon les besoins. 

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