MC Solaar : "Un rappeur, ça vieillit très très bien"
Le rappeur MC Solaar, qui a sorti son 8e album "Geopoétique" en novembre est l'invité de la "Mise à jour", à l'occasion de sa tournée des festivals d'été. Il revient notamment sur le rap d'aujourd'hui qui a su "ne pas rester figé".
C'est toujours étrange de voir un rappeur vieillir. MC Solaar a fêté ses 49 ans au mois de mars. "Les choses qui sont assez anciennes, un peu comme la tarte tatin, sont intemporelles. En chantant des chansons de toutes les époques, de mes débuts jusqu'à 2018, je me suis rendu compte que ça parle aux gens quand c'est bien écrit, quelles que soient les époques. Cela ne s'oublie donc pas... Et puis je retrouve ma jeunesse lorsque je chante des anciennes chansons comme Caroline, Nouveau Western ou Solaar pleure..."
Sur son huitième album, Géopoétique, sorti en novembre 2017, le titre Sonotone fait référence au temps qui passe et MC Solaar s'y confronte avec ironie à sa "vieillesse". "Mais c'est curieux, c'est un titre clamé par les plus jeunes alors que ça parle de troisième âge." Un rappeur "ça vieillit très très bien", affirme-t-il. "Les rockeurs vieillissent bien parce qu'ils ont toujours un esprit rock, les punks deviennent dandy et les rappeurs restent rappeurs !"
Les rappeurs d'aujourd'hui "ont enfin trouvé un style typiquement français"
Y aurait-il une forme de conservatisme chez les fans de rap qui clament le "c'était mieux avant" ? "En partie, répond MC Solaar. Il faut savoir que chacun a sa nostalgie. Si l'on pense à faire la musique d'il y a dix ou quinze ans, alors cela ne sert à rien de faire de nouvelles choses. Il faut évoluer. C'est quand même important de ne pas rester figé, puisque la musique, c'est la vie. J'ai évolué dans mon style parce que la vie évolue."
Le rap évolue, à l'image de ses protagonistes, tous appréciés par MC Solaar qui n'a jamais eu envie de rivaliser avec les rappeurs actuels car "ils ont enfin trouvé un style typiquement français qui ne ressemble pas à celui des Américains. J'aime bien la compétition, mais je préfère parler d'émulation : on regarde ce qui se passe autour de nous, puis on essaie de ne pas faire pareil, de trouver un chemin au milieu."
Un rap "très binaire" par le passé
Claude MC Solaar définit son œuvre, ce rap nourri de chanson française, comme de la poésie urbaine, "puisque le rythme musical vient des États-Unis, mais j'avais aussi envie de faire de la poésie, des choses un peu écrites." Le rappeur l'assure : il n'a jamais voulu imiter le style des Américains et constate "que les rappeurs notables sont ceux qui ont réussi à trouver leur identité, à jouer avec les lettres, avec leur stylo. Avant, c'était très binaire : il fait fallait dire 'Je suis contre ceci' ou 'Je suis contre cela' et on ne laissait pas de place aux artistes et à la liberté. Aujourd'hui, je vois plein de gens libres. Le temps est un apprentissage", conclut-il.
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