Jurer, c'est bon pour la santé !
L'amour des jurons et des grossièretés est aussi vieille que
l'humanité. Quel que soit notre âge et quelle que soit notre condition sociale,
nous aimons tous cela. Jurer est un besoin . L'écrivain Nancy Houston raconte qu'enfant, elle répertoriait tous les mots et les
expressions qui avaient le don de faire bondir les adultes.
La première raison qui nous fait adorer jurer, c'est évidemment
la transgression . Quel plaisir de pouvoir bousculer l'ordre en place par le
simple pouvoir des mots ! Une bordée qui peut se lancer en l'air par le
simple plaisir de les entendre ou au contraire s'adresser aux tenants de l'autorité.
Les jurons s'expriment toujours dans les mêmes domaines
sémantiques : le sexe, les excréments et Dieu. "Putain"
et "merde" sont les plus utilisés devant "chiotte", "nom
de dieu", "bordel". Dominique Picard, psychosociologue, l'analyse
comme une régression au stade anal.
Lorsque l'enfant apprend la propreté, il utilise ce pouvoir
tout nouveau vis-à-vis de ses parents : aller ou non sur le pot. Lorsqu'il
découvre les mots et commence à maitriser le langage, l'enfant fait la même
chose, mais avec sa bouche.
Pinocchio disait "être méchant, ça fait du bien ". Nous
avons tous besoin de pouvoir relâcher la pression . Les jurons font alors office
de soupape , c'est un cri lancé à l'adversité, au monde qui ne tourne pas rond
et à notre faiblesse. "Jurons donc, bordel de merde, c'est bon pour la
santé ", conclut Christilla Pelle-Douel.
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