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Hive invente le cloud responsable en faisant appel à chacun de nous

Hive, une start-up qui vient de lever 7 millions d’euros, prépare une petite révolution dans l’univers du cloud et du stockage en ligne. Elle propose de s’appuyer sur nos disques durs personnels pour remplacer les fermes de serveurs qui représenteront 20% de la consommation d’énergie mondiale d’ici 2025.

Article rédigé par franceinfo - Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les "fermes" de serveurs représenteront 20% de la consommation d’énergie mondiale d’ici 2025, selon l’Agence internationale de l’énergie. (Illustration) (JASMIN MERDAN / MOMENT RF /)

Vous avez bien quelques giga-octets libres sur votre PC ou Mac à la maison ? L’idée derrière Hive pour concurrencer Dropbox – dont il veut aussi prendre le contre-pied  Google Drive ou WeTransfer, part de ce constat : profiter, avec votre accord, de cet espace inutilisé pour stocker les données des autres.

Des fichiers, petits ou très gros, dont vous ne verrez jamais la couleur, qui seront divisés en une multitude de petits morceaux pour les disséminer à travers le monde sur des milliers d’ordinateurs dont le vôtre. Et quand son propriétaire en aura besoin, Hive rassemblera tous ces bouts pour reconstituer les fichiers.

Ça vous rappelle quelque chose ? C’est normal. C’était la technologie derrière Napster pour le partage – et le piratage – de musique. Hive qui vient d'annoncer une première levée de fonds de sept millions d'euros, repose, lui, sur un protocole dérivé de Bittorrent qui est encore utilisé aujourd'hui pour le partage de fichiers dont des films –  et pas toujours légalement - mais technologiquement, c’est du solide et le principe est le même.

De l'espace de stockage convertible en euros

Concrètement, ce cloud alternatif va fonctionner très simplement. On pourra choisir de participer en indiquant le nombre de giga ou de téra-octets qu’on peut mettre à disposition du réseau (Hivenet) ainsi que les heures pendant lesquelles on n’a pas besoin de son ordinateur, typiquement pendant la nuit. On obtiendra immédiatement l’équivalent en stockage cloud sur Hivenet et donc chez les autres pour ses propres besoins.

Par exemple, si vous mettez 50 giga-octets à disposition, vous aurez droit à 50 autres giga-octets sur Hivenet pour sauvegarder vos données ou créer un coffre-fort digital avec vos documents importants. L’autre intérêt, c’est que si vous n’utilisez pas tout cet espace, vous obtiendrez des crédits qui, au final, pourront être convertis en euros. Vous serez donc rémunéré pour le stockage que vous aurez mis à disposition des autres.

Image digitiale sur l'abstraction abstraite du flux de données numériques. (ANDRIY ONUFRIYENKO / MOMENT RF /  GETTY IMAGES)

Pour le fondateur franco-britannique de Hive, le principal défi sera de convaincre le grand public de donner accès à une partie de son disque dur, et d'établir une relation de confiance, y compris avec les entreprises.

Pour y parvenir, David Gurlé, ancien de France Télécom et de Microsoft, cannois de coeur, affirme s'appuyer sur ce qui se fait de mieux en matière de chiffrement pour protéger les données, et de sécurité pour rendre son réseau invulnérable, y compris face à de futurs ordinateurs quantiques... ce qui restera à prouver.

David Gurlé n'est pas n'importe qui : ce pionner de la voix sur IP autrement dit du téléphone via Internet est l'ex-fondateur de Symphony, créée en 2014 et valorisée plus d'un milliard de dollars ce qui lui vaut le titre de “licorne“.

"Jusqu'à 50% de perte du réseau, on réussit à reconstituer l'intégralité d'un fichier."

David Gurlé, fondateur de Hive

à franceinfo

Pour séduire et emporter l'adhésion autour de son projet, David Gurlé joue sur un argument en vogue : la souveraineté numérique. Ceux qui s'inscriront à Hive auront trois possibilités : stocker leurs fichiers partout sans aucune préférence particulière, les stocker uniquement dans certains pays – par exemple en France – ou ne pas les stocker dans certains pays, par exemple en Chine, en Russie ou en Iran. Autrement dit, chacun aura la maîtrise de l'endroit où ses données seront placées.

Reste un dernier frein technologique à lever : si tous les ordinateurs du réseau sont éteints en même temps, comment récupérer ses fichiers ? Aujourd’hui, Hivenet supporte jusqu’à 50% d'erreur grâce à des redondances de fichiers, autrement dit plusieurs mêmes morceaux stockés à différents endroits mais David Gurlé veut aller au-delà de 50%. Et il se doute que ce sera l'une des conditions pour réussir sa prochaine levée de fonds, fin 2023.

Si tout va bien, Hive démarrera en phase de test et en petit comité en octobre prochain, avant le lancement officiel prévu début 2023. Premier objectif : 100.000 utilisateurs.

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