Notifications mobiles : le talon d’Achille de nos messages privés et professionnels

Certains gouvernements, avec le concours de Google et d’Apple, peuvent accéder à nos notifications, ces alertes que nous recevons sur l’écran d’accueil de nos smartphones : cette révélation vient d’un sénateur américain alors que le gouvernement, américain cette fois, a demandé à Google et à Apple de garder le secret.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les notifications sur nos smartphones peuvent être "surveillées". (Illustration) (ERIC AUDRAS / MAXPPP)

Les notifications mobiles, en principe, quand on les active sur son téléphone, n’importe quelle application mobile peut en faire surgir à l’écran, dès qu’une information ou un message arrive sur le smarphone.

Pourquoi les services de renseignement s’y intéressent-ils ? Peuvent-il se servir des notifications pour lire au moins une partie des messages que vous recevez ? C’est la question, notamment à propos de WhatsApp, Telegram ou encore Signal, qui chiffrent les messages de bout en bout – et donc empêchent quiconque d’avoir accès à leur contenu : ce cryptage est possible, parce que ces messages vont directement d’un interlocuteur à l’autre, dans un échange géré à 100% par les éditeurs de ces applications.

En revanche, les notifications, elles, leur échappent en partie, parce qu’elles transitent par Apple, pour les iPhone, et par Google, éditeur d’Android, le système mobile qu’on retrouve notamment sur les smartphones Samsung. Apple et Google servent, en quelque sorte, d’intermédiaires techniques. Chacun a créé un service dédié à ces alertes. Ils font en sorte que les notifications soient délivrées correctement.

"Apple et Google sont dans une position unique pour faciliter la surveillance par des gouvernements."

Ron Wyden, sénateur démocrate de l'Oregon, dans sa lettre au ministre de la Justice

à Raphael Satter (Reuters)

Ces révélations viennent du sénateur démocrate de l’Oregon, Ron Wyden. Dans une lettre ouverte au ministre américain de la Justice, datée de mercredi 6 décembre 2023, et mise en ligne par Raphael Satter (Reuters), il explique avoir reçu un tuyau, au printemps 2022, selon lequel des agences gouvernementales de pays étrangers ont demandé les enregistrements de ces notifications dites "Push" à Google et Apple.

L’équipe du sénateur a donc contacté les deux géants de la Tech, qui lui ont répondu à l’unisson : le gouvernement américain nous empêche de parler publiquement de cette "pratique". Et le sénateur va plus loin : selon lui, "Apple et Google sont dans une position unique pour faciliter la surveillance par des gouvernements". Et il ajoute que, dans certains cas, le contenu du texte affiché à l’écran par la notification, fait partie des données accessibles, alors que l’utilisateur se croit protégé par le chiffrement, de bout en bout, des messages dans l’application.

Pour une plus grande transparence

Pour autant, Ron Wyden n’a pas écrit pour obliger Google et Apple à dire "non" aux gouvernements étrangers, parce qu’il le sait : dans chaque pays où ils sont présents, Apple et Google n’ont pas d’autre choix, s’ils veulent pouvoir y rester.

En revanche, le sénateur de l’Oregon réclame que les deux groupes puissent communiquer sur les demandes légales qu’ils reçoivent, notamment de la part de gouvernements étrangers, qu’ils puissent publier des statistiques sur le nombre de demandes qui leur parviennent et surtout, qu’ils puissent prévenir les utilisateurs qui font l’objet de demandes de surveillance.

En tout cas, nous voilà maintenant prévenus : pour ne prendre aucun risque, mieux vaut donc désactiver les notifications, notamment, des applications de messagerie instantanée, de SMS et de courriers électroniques.

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