Nouveau monde. Cette grogne qui monte au cœur même des Gafa
Des employés reprochent à Google de se livrer à des activités qui ne collent pas avec leurs convictions personnelles. Ils ont été licenciés après avoir tenté d’accéder à des documents internes sans autorisation.
Des employés de Google viennent d’être licenciés pour avoir protesté contre la direction. Depuis un an, des grandes entreprises du numérique sont confrontées à un phénomène de grogne d’une partie de leurs salariés, notamment pour des questions éthiques.
On rappelle souvent le premier slogan de Google : "Don’t be evil" (Ne soyez pas malveillant), remplacé depuis 2015 par : "Do the right thing" (Faites le bien). Les entreprises de la tech, qui voulaient jadis changer le monde, sont aujourd’hui confrontées à d’innombrables problèmes qui les rangent de plus en plus dans le camp du "evil" (le mal). Depuis un an, un mouvement de grogne s’étend chez Google (Alphabet) mais aussi chez Microsoft ou Amazon. Chez Google, quatre employés viennent d’être licenciés et 200 autres (sur 45 000 que compte l’entreprise) ont manifesté pour exprimer leur mécontentement.
Désaccords éthiques
Les salariés licenciés auraient tenté d’accéder à des documents internes sans autorisation, sans doute pour les faire fuiter. Pourquoi ? Ils reprochent à Google de se livrer à des activités qui ne collent pas avec leurs convictions personnelles, comme la mise au point de drones militaires, le développement d’intelligence artificielle pour l’armée ou encore d’outils de surveillance contre les migrants. Il y a aussi des accusations de harcèlement sexuel, un fait non isolé dans la Silicon Valley.
Google n'est pas seul dans l’œil du cyclone. On connaît aussi tous les problèmes de vie privée, d’addiction ou de désinformation qui touchent Facebook, Twitter, Amazon ou Apple. Selon un récent rapport d’Amnesty International, Google et Facebook posent carrément un "problème sans précédent pour les droits de l’Homme".
Un plan du créateur du web pour le sauver
Face à cela, il y en a un, au moins, qui pense que l’on peut faire quelque chose, c’est le créateur du World Wide Web (le web, créé en 1989, n’est pas internet), le Britannique Tim Berners-Lee. Cet informaticien de 65 ans vient de lancer une initiative contre les dérives du web : un "contrat pour le web" pour éviter, dit-il, que le monde ne plonge dans une "dystopie numérique", c'est-à-dire un développement anormal.
Dans ce document, il propose neuf principes fondamentaux pour un monde numérique meilleur, comme respecter la vie privée, faire en sorte que tout le monde puisse accéder à internet ou développer des technologies au service du bien, etc. Ironie de l’histoire, cette initiative de Tim Berners-Lee est soutenue par... Google, Facebook ou encore Microsoft.
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