Nouveau monde. Les réseaux sociaux sous influence des "bots" : la géopolitique du tweet
Sommes-nous sous l’influence des "bots" ? Plusieurs études révèlent que des robots logiciels, des "bots", seraient utilisés massivement sur les réseaux sociaux pour manipuler l’opinion.
48 millions de comptes Twitter, sur environ 300 millions, seraient des "bots", c'est-à-dire des automates, selon une récente étude américaine (lien vers un PDF). Une nouvelle étude, menée par une douzaine de chercheurs sous l’égide de l’Université britannique d’Oxford, confirme ce phénomène et précise sa localisation. On en trouve en principalement en Russie, où plus de 45% des discussions liées à la politique seraient alimentés par des bots ("Il y a un immeuble à Saint-Pétersbourg avec des centaines d'employés et des millions de dollars de budget dont la mission est de manipuler l'opinion publique", expliquent les chercheurs) mais aussi en Chine, aux Etats-Unis et en Europe.
Comment ces bots influencent-ils l’opinion ?
Le mécanisme d’influence consiste, par exemple, à augmenter artificiellement le nombre de personnes qui suivent un candidat à une élection, retweetent ou likent ses tweets. Cela a pour effet de créer artificiellement de l’influence afin de déclencher un effet de mode. Illustrations récentes du phénomène : l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis ou l’influence supposée de François Fillon que certaines officines voyaient gagnant à la présidentielle en France. Autre méthode : des techniques russes consisteraient à poster des avis et des informations contradictoires afin de semer la confusion parmi les internautes pour les détourner de la politique.
Qui se livre à ces manipulations ?
Les chercheurs soupçonnent fortement des Etats, notamment chinois ou russe. Ces derniers mèneraient des actions locales (par exemple, entre la Chine et Taïwan) ou par-delà les frontières (soutien russe à la candidature de François Fillon).
Bref, les Etats tentent de reprendre via les médias sociaux le pouvoir d’influence qu’ils ont perdu dans les médias traditionnels. Avant, on parachutait des tracts et on finançait des séries télé pour influencer les populations. Aujourd’hui, on les inonde de tweets ou de SMS. Une "géopolitique du tweet" qui n’en n’est sans doute qu’à ses balbutiements.
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