Nouveau monde. Les services publics veulent reprendre la main sur leurs données numériques
La mairie de Paris vient d’inaugurer son propre centre serveur pour stocker les données informatiques des Parisiens. Face à la menace américaine du "cloud act", les collectivités veulent reprendre la main sur leurs données.
Les données numériques des Parisiens seront désormais mieux gardées. La municipalité vient d'inaugurer son propre centre de données informatiques. C’est un grand espace de 760 m2 en sous-sol, situé Porte de la Chapelle, au nord de la capitale. 300 serveurs informatiques, 3 500 serveurs virtuels, une capacité de stockage de 2,5 pétaoctets (2,5 millions de gigaoctets). L’installation a coûté 16 millions d’euros. Elle va servir à abriter les données numériques des services municipaux et des administrés de Paris. D’autres services publics devraient également profiter de ce cloud souterrain.
Quel intérêt d’avoir son propre centre de données ?
Comme de nombreuses entreprises privées, les services publics français font appel aux grandes entreprises spécialisées américaines comme Amazon, Google, IBM ou Microsoft. Mais les tensions diplomatico-économiques entre les États-Unis et le reste du monde changent la donne. Surtout, la loi américaine "cloud act" votée l’an dernier autorise désormais le gouvernement américain à accéder à n’importe quelles données stockées sur des serveurs informatiques appartenant à des entreprises américaines, même si ces serveurs se trouvent physiquement en dehors du territoire américain. Avoir un centre serveur 100% français permet donc de reprendre la main sur les données en évitant de dépendre de prestataires étrangers. C’est à la fois une question de sécurité et de ce qu’on appelle la "souveraineté numérique", largement prônée par le gouvernement et par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
Des prestataires qui fleurent bon le terroir
Cependant, les collectivités et les entreprises privées n‘ont pas toutes les moyens, comme la ville de Paris, de créer leurs propres centres serveurs. Une aubaine pour les prestataires 100% français qui ne sont pas soumis au "cloud act". Parmi ces opérateurs qui fleurent bon le terroir, la société OVH, basée à Roubaix (Hauts-de-France), se présente comme la principale alternative française aux opérateurs américains.
Cette entreprise familiale, créée par les Klaba, des immigrés polonais, est devenu en 20 ans un géant du numérique, avec une trentaine de centres serveurs dans le monde. Pour des raisons de sécurité et d’efficacité, OVH va même jusqu’à fabriquer ses propres serveurs informatiques, dans une usine qui lui appartient près de Roubaix, avec une technologie de refroidissement par eau, inventée par le père de la famille Klaba.
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