Un plan gouvernemental pour le numérique

Le numérique, c'est un peu comme l'été ou l'hiver pour
les gouvernements qui se succèdent. Cela revient périodiquement, on y pense, on
fait quelques constats évidents du genre " le numérique bouleverse notre vie quotidienne  " et des déclarations
d'intention qui souvent restent sans suite. Visiblement, on ne sait pas trop par
quel bout prendre la chose.

Jean-Marc Ayrault, poussée par sa ministre spécialisée
Fleur Pellerin, réunissait donc hier à Gennevilliers quelques uns des ministres

• les plus motivés - pour un " séminaire numérique intergouvernemental ".
  A l'arrivée : un plan d'attaques en 18 mesures-clés.

Premier axe : le numérique à l'école avec la
formation de 150.000 enseignants sur deux ans et, au niveau universitaire,
l'objectif d'augmenter d'au moins 3000 par an le nombre de diplômés formés aux
métiers du numérique d'ici 2017.

Deuxième axe : le très haut débit pour tous d'ici 10
ans. Une rengaine déjà à  l'ordre du jour
sous Chirac et sous Sarkozy mais qui continue de se heurter aux réalités
économiques. La feuille de route du gouvernement prévoit un investissement de
20 milliards d'euros avec 10.000 emplois à la clé et des prêts bonifiés pour les
entreprises. Il est aussi question de créer des "quartiers numériques
locaux" dans 15 villes et territoires.

Enfin, on retiendra un projet de loi pour renforcer la
protection des données personnelles.

Pas de trace, en revanche, dans cette feuille de route de
"neutralité du Net".

Et que penser du projet d'élargissement des compétences
de la Cnil, la Commission nationale informatique et libertés, également au
programme, alors que Gilles Babinet, nommé récemment " Champion du
numérique " à Bruxelles par la ministre Fleur Pellerin préconise au
contraire la suppression de cette CNIL qu'il juge " archéo-rétrograde " ?

C'est vrai que ce n'est pas facile à gérer le numérique. Le
sujet est transverse. Cela va de l'investissement dans les start up à la
cybersécurité. Cela suscite autant d'enthousiasmes que de craintes et de réticences
au changement. Ce sont aussi, de plus en plus, des problématiques qui devraient
se traiter au niveau européen.

Heureusement, pendant ce temps, la grande roue de l'innovation
continue de tourner avec ou sans les pouvoirs publics.