Polars d'été. "Bandidos", de Marc Fernandez
Tout l'été, Gilbert Chevalier revient sur les meilleurs romans noirs, policiers et thrillers de l'année. Aujourd'hui, "Bandidos" de Marc Fernandez, publié chez Préludes.
Après Mala Vida et Guerilla Social Club, Bandidos est le troisième roman d'une trilogie imaginée par Marc Fernandez. Trois romans qui nous emmènent entre l'Espagne et l'Amérique du Sud dans le passé politique trouble de ces pays.
Bandidos commence par un meurtre à Madrid. Le corps calciné d'une femme menottée, une balle dans la nuque, est retrouvé dans un parc. Diego Martin, journaliste radio d'investigation, connaît la victime, rencontrée vingt ans auparavant en Argentine. Jeune reporter à l'époque, il avait couvert l'assassinat du frère de la victime, photographe pour un grand hebdomadaire, tué de la même manière. Corruption politique et flics ripoux, ce meurtre va faire ressurgir des fantômes du passé.
Un crime commandité par un proche du président argentin Carlos Menem
Après le scandale des bébés volés sous Franco, après les guérilleros du Chili, c’est le véritable meurtre d’un photographe en Argentine qui a inspiré Marc Fernandez.
"Moi je pars toujours de faits réels pour démarrer mes romans, raconte Marc Fernandez. Le point de départ de Bandidos, c'est le véritable assassinat d'un photographe de presse qui a eu lieu en 1997 en Argentine. Crime commandité par un proche du président de la République de l'époque. Le photographe a été retrouvé avec une balle dans la tête, les mains menottées."
Marc Fernandez s'enflamme ensuite pour expliquer le fait-divers : "Le président de la République, Carlos Menem pour ne pas le citer, à l'époque, avait déclaré qu'il s'était suicidé. C'est vrai que c'est une histoire qui m'est toujours restée en tête. Et au moment où je démarre cette trilogie, je savais que celle-là allait être la troisième histoire. Parce que ça permet de parler d'un sujet qui me tenait à cœur, c'est la liberté."
Des pieds nickelés comme enquêteurs de choc
Dans ses trois romans Malavida, Guerilla Social Club et Bandidos, on retrouve les mêmes personnages attachants : tous généreux, l'esprit libre et un peu cabossés par la vie. "Moi j'aime bien les appeler mes pieds nickelés. Il y a un journaliste de radio, il y a une détective transsexuelle, un ancien juge d'instruction et une avocate. C'est un peu mon équipe d'enquêteurs de choc."
On vit avec les personnages, parfois ils prennent la main. Moi je leur parle, je continue à leur parler aujourd'hui.
Marc Fernandezà franceinfo
"Qu'est-ce qui fait la saveur d'un bon roman ?, interroge l'auteur. Outre l'intrigue, quand c'est un roman policier, effectivement, s'il y a un peu de suspense, c'est mieux, mais ce sont les personnages ! Je me suis beaucoup amusé à les créer ces personnages."
Bandidos de Marc Fernandez est donc le dernier roman d'une trilogie très politique. Une trilogie pour ne pas oublier l'histoire trouble de l'Espagne, du Chili et de l'Argentine, comme une sorte de devoir de mémoire.
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