Comment apprendre en cuisinant avec "L’école comestible"

Et si la cuisine devenait un nouvel outil pédagogique à l’école ? Dans plus de 100 établissements, "L’école comestible", portée par Camille Labro, propose aux enfants d'apprendre en cuisinant.
Article rédigé par Amélia Matar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
L’un des grands atouts de ces ateliers de cuisine est leur capacité à capter l’attention des enfants, tout en leur permettant d’apprendre sans effort apparent. (Illustration) (HILL STREET STUDIOS / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

De la biologie à la géographie, en passant par la coopération et la sensibilisation écologique, avec l'association "L'école comestible" portée par Camille Labro dans plus de 100 établissements, les élèves développent leurs savoirs et leur savoir-être en cultivant et en cuisinant. 

L’idée de base est simple : la cuisine est une activité idéale pour aborder un large éventail d’apprentissages, tout en sensibilisant les enfants à des enjeux environnementaux. En France, comme aux États-Unis, ce postulat prend racine dans l’observation que cuisiner permet aux enfants de manipuler des concepts de manière concrète.

La cuisine, un support idéal pour les apprentissages fondamentaux

L’un des grands atouts de ces ateliers de cuisine est leur capacité à capter l’attention des enfants, tout en leur permettant d’apprendre sans effort apparent. Par exemple, au lieu d’additions sur papier, ils pèsent des ingrédients sur des balances, et apprennent à mesurer et calculer pour réussir une recette. C’est aussi une porte d’entrée vers des matières variées : sciences, géographie et histoire.

En observant, par exemple, la levure faire gonfler une pâte, les enfants découvrent des notions de chimie, simples et accessibles. Ils s’initient également aux bases de la biologie, en explorant le cycle de vie des plantes. En plantant des graines, en observant le semis et en suivant la croissance des légumes, ils apprennent à reconnaître l'importance de l'eau, du soleil et des nutriments.

La cuisine les emmène aussi en voyage : chaque ingrédient porte une histoire et une origine. Utiliser des épices comme le curcuma ou le poivre, c’est découvrir des cultures et des climats différents, et comprendre comment ceux-ci influencent les habitudes alimentaires. Enfin, certains aliments, comme la tomate, apportée d'Amérique du Sud, sont une leçon d’histoire en soi.

Des ateliers qui développent aussi les "savoir-être"

Les ateliers culinaires ne se limitent pas aux apprentissages académiques ; ils développent aussi les compétences humaines, comme la confiance en soi et la coopération. Les recettes sont conçues comme des projets collectifs, où chaque enfant a un rôle et apprend à coopérer.

Pour des élèves plus discrets, voire en décrochage scolaire, ces moments de partage peuvent raviver l’intérêt pour l’école. Les enseignants observent souvent que ces enfants reprennent confiance en eux, lorsqu’ils voient leur contribution valorisée dans un projet commun.

Des parcours pédagogiques de longue durée

Depuis sa création en 2019, l'association "L’école comestible" structure ses interventions sous forme de parcours pédagogiques. En général, chaque parcours comprend six séances annuelles, intégrées aux grands thèmes éducatifs recommandés par l’Éducation nationale.

Les animateurs se déplacent directement dans les classes, avec du matériel et des ingrédients frais, et l’association installe aussi des potagers dans les cours de récréation. Ce format permet de travailler en profondeur avec les élèves, particulièrement en maternelle et en primaire, de la grande section au CM2.

Ces ateliers s’articulent autour de thèmes variés, comme la découverte sensorielle, la connexion au végétal, l’antigaspillage, et le lien de la terre à l’assiette. Les enfants apprennent ainsi en cultivant des potagers biologiques, ce qui les aide à comprendre le cycle du vivant, et à s’immerger dans leur apprentissage.

L’association s’implante souvent dans les zones d’éducation prioritaire (REP et REP+, réseaux d'éducation prioritaire) pour toucher un public diversifié. La cuisine devient aussi une réponse aux enjeux de santé publique, car l’obésité touche davantage les enfants de milieux populaires : 6% des enfants d’ouvriers en grande section en sont atteints, contre seulement 1,3% des enfants de cadres supérieurs, soit un risque 4,5 fois plus élevé.

Cuisiner pour s’engager dans l’écologie

Pour Camille Labro, cuisiner est aussi un moyen de sensibiliser les enfants aux enjeux écologiques, en les aidant à comprendre le lien entre l’assiette et la planète. L’association invite les enfants à penser à l’environnement à travers leurs choix alimentaires, en cultivant le respect des saisons, la réduction du gaspillage et l’importance des circuits courts.

L’école comestible se révèle être un modèle pédagogique qui mêle savoirs académiques et savoir-être, ancré dans des valeurs écologiques et gourmandes. Une prise de conscience à hauteur d’enfant, et une façon de montrer que l’écologie peut rimer avec plaisir.

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