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Regard sur l'info. Le long chemin vers la mixité scolaire

Alors que la question de la non-mixité comme solution pour lutter contre les discriminations fait débat, Geneviève Pezeu, historienne, spécialiste des questions d'éducation, aborde la question de la mixité à l'école.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La mixité dans l’enseignement primaire a été autorisée par la loi de 1933. Mais il faudra attende 1976 pour que la mixité soit légalement acquise dans tous les établissements scolaires.  (PIERRE HECKLER / MAXPPP)

Geneviève Pezeu, historienne, spécialiste des questions d'éducation, a récemment publié Des filles chez les garçons. L'apprentissage de la mixité (éditions Vendemiaire). Elle est l'invitée de "Regard sur l'info", dimanche 4 avril.

Franceinfo : Que pensez-vous du débat actuel sur la non-mixité, qui serait une solution pour lutter contre les discriminations ?

Geneviève Pezeu : Le problème du mot "mixité" c’est que c’est un mélange un peu informe et que derrière ce terme il y a beaucoup de choses. Les féministes des années 1970 ont réfléchi aux rapports sociaux de sexes. Le rapport de la domination constaté les a poussées à demander des moments entre elles, pour pouvoir s’exprimer et ne pas être dérangées par les hommes. Dans le cadre de la mixité scolaire, c’est différent. Elle n’a pas du tout été pensée sur le plan pédagogique. Elle s’est faite pour des raisons pragmatiques. Les enseignants et les enseignants ne l’ont d’ailleurs pas vraiment pensée.

Il y a cependant des lois, des jalons vers la mixité…

Légalement, la mixité n’est acquise qu’en 1976. Tous les niveaux sont alors soumis à la loi sur la mixité. Avant cela, dès les années 1920, on commence à autoriser les jeunes filles à venir dans les classes de garçons pour obtenir le baccalauréat. En 1926, c’est ouvert aux collèges qui vont de la 6ème à la terminale. Après la Seconde Guerre avec la massification de l’enseignement jusqu’à 16 ans (loi de 1959), on ouvre des établissements mixtes, les lycées. Et à partir de 1963, les CES sont construits et ouverts dans la mixité.

Y’a-t-il des débats au moment de ces lois au nom d’une supposée dépravation des mœurs que la mixité permettrait ?

Oui, notamment au moment de la loi de 1933 qui autorise la mixité dans l’enseignement primaire. Le milieu catholique s’y oppose. Le problème non nommé, c’est celui de la sexualité. Et ce qui est étonnant c’est qu’on se pose la question pour les enfants mais pas les adolescents !

Vous pointez dans votre livre le risque d’un retour en arrière, d’un recul de la mixité en milieu scolaire…

Ce ne sont encore que des tentatives. Et ceux qui sont opposés à la mixité, évoquent le fait qu’ainsi les filles seraient plus à l’aise notamment en sciences, quand les garçons seront moins gênées par les bonnes capacités des filles. Ce qui est frappant, c’est qu’au début de la mixité, les premiers à s’y mettre notaient qu’il était bien plus agréable d’avoir une classe mixte parce que les filles s’épanouissent et les garçons se pacifient dans leur comportement…

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