Si j'étais... Bernard Squarcini
L'ancien patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini a été mis en examen vendredi 29 septembre pour trafic d'influence et recel de violation du secret professionel. Karl Zéro se met dans la peau de ce proche de Nicolas Sarkozy.
Si j’étais Bernard Squarcini, je serais Corse. Ma devise serait : le silence est d’or. Je commencerais donc par vous proposer une minute de silence. (…)
Bon je sais, à la radio, la minute de silence, c’est mortel, les gens zappent. Mais si j’étais Bernard Squarcini, je m’en foutrais que les gens m’écoutent, moi. Je détesterais ça, même. En revanche, écouter les autres, c’est différent. c’est ludique, j’aime bien. Tenez, hier, j’ai été mis en examen. C’est des choses qui arrivent. Les gens sont facilement jaloux. Déjà, j’arrive dans leur locaux, et ils oublient de me baiser l’anneau ! La faute de goût. Rédhibitoire !
Après, ces policiers, puis ce juge, se mettent martel en en tête: "Il faut parler, M. Squarcini !" Comme si j’allais me mettre à table devant ces demi-sels. Moi, le "Squale" ! C’est mal me connaître. Je suis bien entendu resté muet comme un mérou. Alors évidemment, eux, vexés, ils me mettent en examen, les loustics. Trop contents. Pour "faux en écriture publique, atteinte au secret des correspondances, recel de violation du secret de l’instruction, et compromission". Rien que ça ! Du vent, oui !
Nicolas n'avait pas besoin de ça
Si ça leur fait plaisir, après tout, pourquoi pas, moi je m’en tamponne. C’est juste pour embêter Sarkozy, tout le monde l’a parfaitement compris, et ça, ça me fait de la peine. Elles sont un peu voyantes, leurs grosses clés dans le dos, à ces pantins. Pauvre Nicolas, il n’avait pas besoin de ça, surtout en ce moment. A ce rythme, ils vont l’enchrister à Fleury-Mérogis avant 15 jours.
Remarquez, il s’en fout aussi, Sarkozy, il en vu d’autres, il est capable de gagner sa primaire du fin fond de sa geôle, et même de convaincre son voisin de cellule, Salah Abdeslam, de voter pour lui à la primaire en échange d’un bout de shit.
Il suffisait de demander poliment
Si j’étais Bernard Squarcini, des secrets, des vrais – pas la gnognote qu’ils ont tentés de me faire cracher hier – j’en aurais à revendre, ça oui. Mais espionner Hermès pour le compte de LVMH, vous croyez que c’est de mon niveau ? Que c’est ma came ? Que je me relève la nuit, pour appeler Bernard Arnault, pour lui révéler les motifs des carrés Hermès de la future collection automne-hiver ? C’est comme les fadettes du Monde, dans l’affaire Bettencourt, ou les notes blanches dans l’affaire Cahuzac, c’est de la roupie de sansonnet. De l’écume pour faire de la mousse. Soyons sérieux deux minutes.
Si j’étais Bernard Squarcini, je vous dirais que si, lors de mes différents interrogatoires, les policiers ou le juge m’avaient posés les bonne questions, là. Je serais peut-être devenu plus bavard. Mais ils manquent terriblement d’ambition, ces gens-là. Ils posent des questions de gagne-petits. Ils se contentent, si vous m’autorisez l’expression, d’enculer les mouches.
S’ils m’avaient demandé poliment ce que Claude Guéant est allé faire, à plusieurs reprises en 2006 en Libye chez Khadafi, je le leur aurais dit.
S’ils m’avaient demandé quel genre de contrat a négocié Brice Hortefeux avec ces mêmes Libyens à la même époque, je le leur aurais dit.
S’ils m’avaient demandés en échange de quoi Patrick Buisson surfacturait ses sondages fictifs à l’Elysée, je le leur aurais dit.
S’ils m’avait demandé si c’est un de nos agents qui a éliminé Khadafi, je le leur aurais dit.
S’ils m’avaient demandés pourquoi il y a eu un attentat contre les intérêts français à Karachi… aussi. C’est Pasqua qui nous faisait rire avec ça, quand il imitait Fernandel : "Karachi, aussi ! "
On peut tout dire, voilà, mais il y a manière et manière. Si on veut des réponses, d’abord, il faut poser les bonnes questions. Pas me casser les couilles avec des histoires d’espionnage minable dans le textile. Mais c’est trop tard, maintenant. S’ils me ré-invitent, à la suite de cette émission, je n’irais pas. Ils m’ont manqué de respect. Et oui. Faut être poli avec le Squale.
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