Si j'étais... Jean-Luc Mélenchon
Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise à la présidentielle.
Si j’étais Jean-Luc Mélenchon, je serais bougon. Je ferais un blocage. Je ne voudrais pas dire pour qui je voterais au second tour. "Allez Jean-Luc, fais pas l’con !" Non. "Sois sympa !" Non. "T’es mauvais joueur !" Non.
J’entend bien, ici ou là, les appels à la raison, les pitoyables leçons de morale des Jack Lang et autre Ségolène Royal qui m’exhortent à barrer la route au FN, ces mêmes perdreaux de l’année qui dimanche ont célébré goulument la victoire de leur candidat secret de polichinelle, Macron, fils spirituel d’Hollande en pire, est-ce besoin de la rappeler ?
Oh ! ils n’étaient pas à la Rotonde, eux, c’est pire ! Ils étaient à la Coupole, juste à côté ! Mais je vous rassure : c’est encore plus cher ! Il y avait Hollande bien sûr, et Manuel Valls, et Julie Gayet, et même Cahuzac et Thévenoud, déguisés ! Triste banquet ! Honte sur eux !
On n'est plus en 2002 !
Si j’étais Jean-Luc Mélenchon, droit dans mes Mephisto, je me refuserais à choisir entre l’extrême droite et l’extrême finance, la dictature et la dictature déguisée, autant dire entre la peste et le choléra. Ce faisant, je sais que je fais courir un risque à la France… Comme j’ai fait presque 20% au premier tour, et que 10% seulement séparent Le Pen et Macron, si un peu plus de la moitié de mes électeurs votent Marine, elle sera élue présidente. Là j’aurais l’air d’un con. Mais c’est la vie.
Que voulez-vous ? Ce n’est pas moi… On n’est plus en 2002. C’est l’époque qui a changé, et ça, je n’y peux rien. Oui, c’est vrai, à l’époque j’ai fait front contre le Front, front républicain contre Front national. Au lendemain du 21 avril j’ai défilé avec le jeunesse de France, vous vous souvenez des slogans ? "Plus jamais 20% !" "La jeunesse emmerde le Front national !" Immortalisé par Bérurier Noir.
Voilà, c’est tragique, mais ça on ne l’entend plus dans le poste, même sur Radio Nostalgie, sauf ce matin parce que je vous rafraîchis la mémoire. Si j’étais Jean-Luc Mélenchon, je vous dirais que la Marine a parfaitement réussi son coup, elle a dédiabolisé le parti de son père, les médias l’y ont bien aidé. La jeunesse n’emmerde plus le Front national, loin de là, elle vote même bien souvent Front national, pendant que Marine, elle, ne se revendique même plus du Front national, si j’en crois sa nouvelle affiche : elle se la joue sexy-photoshopée 15 ans de moins, mais plus un mot ni un slogan qui fâchent.
Dès lors, pourquoi demanderais-je aux électeurs de la France insoumise de voter pour la France soumise… aux diktats de Bruxelles et de Goldman Sachs ? La réalité, c’est que je combat infiniment plus le programme de Macron et tout ce qu’il incarne – toute ma campagne en témoigne – que celui de Le Pen, dont je me contrefous. Je sais bien qu’elle est purement fasciste. Si d’aventure elle était élue, qui mieux que moi incarnerait le recours? La Résistance ?
Voilà pourquoi si j’étais Jean-Luc Mélenchon, je laisserais pisser le mérinos… Au cas ou… Parce que sinon, c’est quoi mon avenir ? Attendre tranquillement tout seul 2022 ?
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