Tout euro, tout éco. L'Islande fait le ménage dans sa classe politique.
Demain, l’Islande élit de nouveaux députés. Ce petit pays, gros comme la ville de Nice, veut tourner définitivement la page de la crise de 2008. Il a déjà donné un coup de balai dans ses banques, et s’attaque aujourd’hui à sa classe politique impliquée dans les panamas papers.
L’Islande nous surprendra toujours. Cette semaine, c’est une députée conservatrice qui a allaité son bébé à la tribune du parlement, le plus naturellement du monde, pendant son intervention. Son équipe de foot, inconnue jusqu’à l’Euro, nous a tous scotchés en se hissant en quart de finale et charmé avec son "hou" et ses claquement de mains. Et demain, l’Islande sera peut-être le premier pays à faire une part aussi belle au parti contestataire des Pirates, qui n’a que 3 ans d’existence et qui veut plus de transparence dans la vie publique, plus de démocratie directe et veut réformer les institutions islandaises. Le parti qui veut aussi lutter contre la corruption, arrive en tête des sondages, devant le parti de l’indépendance qui partage en ce moment le pouvoir avec les conservateurs de centre droit. Car après les banquiers véreux , l’Islande veut en finir avec une classe politique qu’elle juge corrompue.
Dehors les politiciens corrompus !
L’Islande a découvert que 600 de ses citoyens étaient compromis dans les panamas papers, dont trois membres de son gouvernement. Le premier ministre était même à la tête d’une société aux iles vierges. Les islandais sont alors descendus dans la rue au printemps, ils ont viré une nouvelle fois le premier ministre, comme pendant la crise, et s’apprêtent donc aujourd’hui à voter. On ne rigole pa savec la morale en Islande . Souvenez-vous des banquiers, virés eux aussi, et trainés devant les tribunaux. L’Islande, petit pays de pêcheurs, devenue roi de la finance avec des banques qui représentaient 10 fois son PIB, est retombée brutalement sur terre avec l’effondrement de ses trois principaux établissements bancaires, la chute de la bourse et de sa monnaie. Mais elle n’a rien voulu sauver. Liquidées les banques indélicates, nationalisées les autres, instauré le contrôle des changes. Pas question de rembourser ses investisseurs étrangers. Pas question non plus pour le pays d’être sous tutelle de quiconque, FMI ou Europe, l’Islande a réglé ses problèmes toute seule de façon radicale et refusé l‘Europe et l’Euro.
Remède de cheval
Le pays a payé le prix fort avec deux ans de récession et une pression fiscale sans précédent. Il a pu dévaluer sa monnaie, redevenir compétitive. Aujourd’hui, il affiche 3,5 % de croissance et 4 % de chômage au prix d’énormes efforts, mais les banques de détails ne jouent plus au casino et financent aujourd’hui l’économie réelle. Alors, l’Islande serait-elle alors un modèle économique doublé d’un modèle de démocratie ? Les détracteurs de l’Europe diront que c’est sa non-appartenance à l’Union et à l’Euro qui lui a permis de se remettre sur pied. Mais le pays est une île, petit par la taille, plus facile à gouverner, il a le pied marin et l’habitude de braver les tempêtes. Pas de révolution en Islande, juste des gros coups de colère et des décisions concrètes. Ce que l’Islande peut nous apprendre en Europe, c’est à cesser de parler pour passer aux actes, parfois sans états d’âme, l’Islande, c’est avant tout un modèle de pragmatisme. "
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