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Après Airbus, quelle politique industrielle pour l'Europe ?

L'annonce du contrat historique d'Airbus a donné l'occasion au Président de la République, François Hollande, de lancer l'idée de créer d'autres EADS (la maison-mère d'Airbus) en Europe. Pas uniquement dans l'aérien mais dans d'autres secteurs.
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On ne va pas bouder notre plaisir et jouer les rabat-joie : oui, le contrat signé hier entre Airbus et la compagnie indonésienne Lion Air est superbe avec ses 18 milliards et demi d'euros et ses 5.000 sécurisations d'emplois sur 10 ans. Mais on ne peut s'empêcher de constater un plan communication bien rodé à l'heure où les indices de popularité du Président sont en berne. Tous les ingrédients du calendrier parfait était réunis : annonce en grandes pompes le matin (soit dit en passant un contrat privé signé sous les ors et velours de la République), dîner le soir à Berlin avec Angela Merkel et le gotha du patronat européen... le tout en amont d'une semaine baptisée " de l'industrie " pour sensibiliser le public et susciter des vocations. Mais après, concrètement ? C'est la question !


François Hollande a parlé d' "ambition industrielle au delà de l'aéronautique" ! L'Europe dispose-t-elle de marges de manœuvres pour créer des grands groupes ?*

Répondre à cette question revient à regarder les expériences passées. Beaucoup d'opérations ont été menées dans tous les secteurs et les terrains en friche sont devenus rares. Le déjà fait, c'est par exemple dans la pharmacie : avec la naissance d'AVENTIS (fruit du regroupement de l'Allemand Hoechst, des français Rhônes-Poulenc et Roussel-Uclaf, entre autres)... AVENTIS repris depuis par SANOFI. Peut-on aujourd'hui rouvrir le dossier ALSTOM /SIEMENS ? Compliqué ! Imaginer un regroupement SIEMENS / EADS ? Encore plus improbable. Et que dire de la triste expérience annoncée justement hier, hasard de calendrier : la séparation de l'équipementier télécoms suédois ERICSON du fabricant de semi-conducteurs franco-italien ST MICROELECTRONCIS unis en Europe depuis 2008 ? Cette dernière expérience montre bien que l'économie vit au quotidien, loin des incantations politiques.

Mais n'est-ce pas le rôle d'un chef d'Etat de donner l'impulsion ?

Si mais attention aux postures strictement déclaratives. Sauf à nationaliser – on sait que ce n'est plus dans l'air du temps – aucun Etat ne pourra imposer sa volonté aux acteurs privés qui ont leurs propres intérêts à se marier ou divorcer. On voit aujourd'hui les limites d'un ministère du Redressement productif. L'Etat peut et doit susciter l'envie, alimenter et accompagner le désir de ces acteurs. C'est en ce sens qu'il faut interpréter les propos de François Hollande hier. Une vraie ambition pour l'industrie passe par la liberté d'entreprendre. Sans elle, les déclarations politiques resteront des vœux pieux.

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