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Attentats : quel impact socio-économique ?

Cela peut paraître incongru d’aborder l’incidence économique des attentats, alors que le drame humain et les vies perdues nous rappellent l’horreur et le devoir de deuil. Mais la dimension socio-économique de cette actualité est loin d’être anodine
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Attentat dans le métro, station Maelbeek, à Bruxelles le 22 mars 2016 © Maxppp)

Dans cette vague d’attentats qui touche l’Europe, la dimension socio-économique ne doit pas être négligée car elle motive – aussi – les terroristes : mettre les économies occidentales à genoux. S’attaquer aux grandes capitales, et surtout à Bruxelles, cœur de l’Europe, en est le signe manifeste. Cette Europe, aujourd'hui encore trop fragile, et dont l'une des promesses lors de sa création il y a 60 ans était justement la paix grâce, entre autres, à la croissance économique et le progrès social.

 

Peut-on réellement évaluer l'impact des attentats en termes économiques ?

 

Il est très difficile d’évaluer les conséquences économiques des attentats. Mais c’est une constante lors de chaque vague terroriste : passée la période de sidération qui ne dure jamais plus de quelques semaines, la population d'un pays, par patriotisme, va se remettre rapidement à consommer, voire surconsommer volontairement, comme ce fut le cas aux Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. C'est ce que l'on appelle la résilience.

 

Manière de conjurer le mauvais sort

La résilience d'une économie, d’un pays, d'une société. Le fait de rebondir face à une difficulté pour en pallier les effets négatifs. Différentes études permettent de comparer les vagues d’attentats que l’Europe a connues ces trente à quarante dernières années notamment en Grèce, en Allemagne, au Pays Basque, etc... Dans tous les cas, les chercheurs ont établi ce qu’ils appellent « les coûts de second tour » : non pas les conséquences immédiates des actes de terrorisme qui frappent directement l'hôtellerie, la restauration ou les loisirs, mais les réactions qui s’en suivent à long terme, en matière notamment de protectionnisme et de tout ce qui en découle. Fait avéré, même en cas d’attaques ponctuelles, l’impact sur l’investissement des entreprises est immédiat. Les groupes de plus en plus internationalisés n’aiment pas les périodes d’incertitudes géopolitiques. En revanche, si rien ne se passe dans les six mois, l’investissement redémarre. Problème :  dans le cas présent, nous sommes entrés dans une période de turbulences durable.

 

Effets : le coût des politiques publiques

 

On l'a vu récemment avec la déclaration de François Hollande selon laquelle "le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité". Sous-entendu, le pacte de stabilité et ses contraintes financières et budgétaires. Oui, le projet européen est véritablement ébranlé par ces attentats. Une Europe arrivée de toute évidence à la croisée des chemins où la tentation des individualismes nationaux ne doit pas l'emporter sur un nécessaire fédéralisme. Tant en termes de sécurité, de défense, de gouvernance politique, économique et sociale.

 

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