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Conférence sociale de juillet : les syndicats fourbissent leurs armes

La conférence sociale se tient dans un mois à Paris, précisément les 6 et 7 juillet, et la tension monte déjà côté syndical. Le 48ème congrès de la CFDT s’ouvre aujourd’hui à Marseille et le Secrétaire général de la confédération donne le ton.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Emmanuel Cugny, le chroniqueur économique de France Info  © RF)

Comme ses homologues de la CGT et de Force Ouvrière notamment, Laurent Berger est impatient. Contrepartie au pacte de responsabilité, emploi, formation… les négociations avec le patronat piétinent, dit le responsable syndical, qui menace : si rien n’a bougé avant la conférence sociale de juillet, il en tirera les conclusions et demandera au gouvernement de revenir sur sa politique de soutien aux entreprises.

Laurent Berger a dans le collimateur une mesure précise : le gel des seuils sociaux dans les entreprises, évoqué la semaine dernière par le ministre du Travail

François Rebsamen propose de suspendre pendant 3 ans l’application des seuls sociaux de 10 et 50 salariés. Aujourd’hui, c’est une obligation pour les entreprises : à partir de 10 salariés, il faut nommer des délégués du personnel et à partir de 50, créer un comité d’entreprise. Les entrepreneurs et certains économistes affirment que ces seuils freinent l’embauche. C’est pour cela qu’aujourd’hui, on compte beaucoup de PME de 49 salariés et pas plus car passer à 50, cela veut dire s’imposer de facto une trentaine de contraintes administratives supplémentaires.

Le ministre du Travail ne veut pas supprimer les seuils sociaux mais tenter une expérience : les suspendre pendant 3 ans pour voir si cela créé réellement de l’emploi. Si au bout de trois ans, on s’aperçoit que l’effet n’a pas porté ses fruits, on reviendra au système actuel. Ce n’est que du bon sens et cela met les patrons devant leurs responsabilités. En s’opposant à une telle mesure, les syndicats ne jouent pas forcément pour leur camp.

D'autant que d'autres mesures vont mobiliser les syndicats d'ici juillet

Des mesures auxquelles s’opposent le MEDEF. Exemple : le compte pénibilité prévu dans la loi retraites. Si le projet passe en l'état, toute entreprise, quelle que soit sa taille, devra remplir par salarié, et par jour, une fiche mentionnant, je cite : le travail répétitif et les postures pénibles auxquels le salarié est confronté, les vibrations mécaniques auxquelles il est soumis, les températures auxquelles qu’il subit dans ses tâches quotidiennes. On imagine aisément le patron de PME face à sa feuille de route à remplir quotidiennement et individuellement. Excellent pour occuper les inspecteurs du travail... certainement moins pour stimuler les entreprises à embaucher.

Des mesures qui rappellent les lois Auroux de 1982, non pas dans leur complexité mais dans leur esprit, inspirées à l'époque par Martine Aubry, sous l'ère Mitterrand. Aujourd'hui, nous sommes bien loin du choc de simplification voulu par le président de la République. Gageons que le dialogue social qui s'annonce joue l'apaisement. Sans négliger les acquis sociaux, bien sûr, n'oublions pas que l'objectif numéro un est de redonner du travail à celles et ceux qui n'en ont pas.

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