Dette des Etats-Unis : rien n'est réglé sur le long terme
A Washington ou souffle un peu. Hier soir, l'ensemble des marchés financiers de la planète ont salué cette ouverture. Ils n'ont fait que profiter de la bouffée d'oxygène pour reprendre des positions mais ils vont rester prudents car, selon les économistes, le geste des Républicains de suspendre le plafond de la dette sur six semaines (pour permettre d'honorer quelques échéances urgentes) ne règle strictement rien sur le long terme. Au contraire, ce délai supplémentaire augmente la possibilité de négociation et donne, de fait, aux Républicains un meilleur levier pour aller à une épreuve de force avec Barack Obama.
D'autant que les revendications n'ont pas changé*
Les Républicains réclament toujours l'abandon du système de santé Obamacare, la révision des programmes sociaux et des retraites. En gros, le message c'est : si la Maison Blanche veut en finir avec cette crise, elle va devoir lâcher plus que prévu. Nous, Républicains, avons fait un geste... maintenant la balle est dans le camp d'Obama. Et puis n'oublions pas que le shutdown se poursuit : les fonctionnaires restent à la maison jusqu'à nouvel ordre.
Mais le blocage réel de l'économie est-il encore envisageable, avec un défaut de paiement des Etats-Unis... avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer sur le reste du monde ?
Il y a déjà une victime à l'international : les Etats-Unis, dont l'image et la crédibilité sont largement entamées. En Chine par exemple, on regarde cela avec stupéfaction : que la première économie mondiale se place d'elle-même en position de ne plus assurer son propre fonctionnement paraît ahurissant, pour ne pas dire inquiétant. Quant au cataclysme économique, on a peine à croire qu'il se produise. Celaa parait inimaginable et semble relever du fantasme.
Mais un économiste - pourtant optimiste - utilise volontiers cette comparaison : c'est un peu comme si les Républicains se disaient ''on dispose d'une arme de dissuasion massive... on ne l'utilisera pas''... sauf que certains militaires (le Tea Party) sont persuadés qu'une bombe atomique c'est l'équivalent d'une lampe à bronzer et que ca ne fait pas plus de dégât. Ils ne se rendent pas compte du risque qui est pris. Donc, toujours gros point d'interrogation.
Concrètement, par quoi se traduirait un éventuel clash final ?
Si l'Etat américain venait à faire défaut, ca serait comme si on mettait un kilo de sucre dans le réservoir d'une voiture : impossible de redémarrer. En réalité, tout repose sur les bons du Trésor américains qui sont au cœur du fonctionnement des marchés des deux côtés de l'Atlantique. Tous les échanges de liquidités se font en se donnant en gage ces bons du Trésor. Le jour où ces coupons commenceront à inspirer réellement de la défiance, tout sera gelé. Les marchés se bloqueront comme ils l'ont fait au moment de la faillite de Lehman Brothers en 2008. Aujourd'hui, nous sommes toujours à ce niveau d'incertitude, et personne n'ose imaginer le pire.
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