Hausses des tarifs SNCF, investir pour l'avenir
+2,3% aujourd'hui après le +3,2 du 1er janvier 2012 et les 3% prévus le 1er janvier 2014. Dépasser allègrement l'inflation, ''avec la SNCF, c'est possible' ' !
Si la politique tarifaire de la compagnie ferroviaire respectait l'évolution de l'indice des prix, nos billets ne devraient augmenter que d'1,8% cette année. On en est loin.
La compagnie argumente et rappelle que 8 voyageurs sur 10 bénéficient aujourd'hui de tarifs réduits. C'est vrai, mais tout dépend de ce que l'on entend par tarifs réduits. C'est un peu comme avec les soldes, on a souvent du mal à faire la différence avec les promotions : l'image est brouillée.
Il en va de même avec les fameux 80% de tarifs réduits à la SNCF : le mieux est l'ennemi du bien. L'offre est tellement large qu'on ne s'y retrouve plus. La jungle des tarifs devient même une arme pour les associations de consommateurs qui dénoncent le mauvais rapport qualité-prix (retards à répétition, vétusté du matériel sur certaines lignes, insécurité, et j'en passe).
* Quels sont les arguments avancés par la SNCF pour justifier les hausses de tarifs ?
Outre la hausse de la TVA, la contribution payée par l'entreprise à l'État en constante augmentation, les frais de péages au gestionnaire des infrastructures Réseau Ferré de France en hausse de 5% cette année et qui ont grimpé de 80% en 10 ans, iil y a surtout un investissement à venir de 2 milliards 600 millions d'euros pour moderniser les infrastructures dans la perspective de l'ouverture à la concurrence.
Initialement prévue pour 2019, la libéralisation du trafic passager en Europe pourrait prendre quelques années de retard
Trois ou quatre années de plus. En réalité, rendre la SNCF plus efficace dès aujourd'hui, ce n'est pas préparer la mariée pour la faire belle avant un éventuel mariage, c'est lui permettre d'anticiper la guerre qui se profile à l'horizon de la prochaine décennie, quand la Deutsche Bahn ou British Railways offriront des liaisons Paris-Marseille, Paris-Bordeaux ou Paris-Lille en lieu et place de la compagnie nationale à des tarifs plus avantageux.
Sous la pression de la France et de l'Allemagne, Bruxelles a repoussé l'échéance mais cette ouverture à la concurrence nécessitera - de toute façon - de gros changements culturels à l'interne.
Brusquer l'histoire serait braquer les syndicats qui disposent encore, au nom de la démocratie, d'une forte capacité de mobilisation. Outre les prix, ca va donc encore bouger à la SNCF.
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