Orange, quand la politique prend le pas sur les enjeux industriels
Beaucoup - les salariés au premier chef - aimeraient bien que l'affaire ait sur le groupe le même impact qu'elle a eu hier sur l'action France Telecom à la bourse de Paris : aucune influence. Le titre a terminé parfaitement stable et ce matin il accuse un tout petit repli sans céder à la panique. Message des investisseurs : la vie continue. Stephane RICHARD a regagné son bureau il y a quelques heures pour reprendre les rênes de l'entreprise et, surtout, préparer un Conseil d'administration qui devrait se tenir dans les tous prochains jours.
De nombreuses voix s'élèvent au sein du gouvernement et dans la majorité pour réclamer le départ de Stephane Richard (ou, au moins, dire que la question est posée). Malgré tout, le sort du principal intéressé n'est joué, ni dans un sens, ni dans l'autre*
Tout le monde a intérêt à garder la tête froide dans ce dossier. Chez Orange, on craint les amalgames car l'affaire Tapie n'a strictement rien à voir avec le management de l'entreprise qui emploie aujourd'hui 170.000 salariés dans le monde dont un peu plus de 100.000 en France et qui compte environ 220 millions de clients à travers la planète. Certes, Stephane RICHARD apparaît bien affaibli, lui qui a pourtant depuis 2011 effacé les terribles années de gestion de son prédécesseur Didier Lombard, remobilisant les forces internes notamment en matière sociale, stoppant la fermeture d'agences en régions et la mobilité forcée des personnels... au point de voir naître hier des mouvements spontanés de salariés distribuant des tracts "touche pas à mon patron". Il a acquis un capital confiance évident.
Mais pourra-t-il réellement passer à travers l'orage ?*
Dans le contexte actuel d'opération mains propres aussi bien dans le monde politique qu'entrepreneurial, la tentation serait grande de pousser Stephane Richard vers la sortie, ne serait-ce que pour l'exemple au nom de la morale. Mais attention à l'incident industriel et au manque de discernement. Orange évolue dans un secteur ultra concurrentiel très tendu et ses adversaires industriels n'attendent que la faille. Très au fait de tous les dossiers, l'actuel patron n'est pas interchangeable du jour au lendemain. Cela représenterait même un risque pour l'Etat actionnaire qui se tirerait lui-même une balle dans le pied.
Quelle est la marge de manœuvre du gouvernement ?*
L'Etat qui détient 27% du capital d'Orange est le premier actionnaire de l'entreprise mais pas l'actionnaire principal et majoritaire (64% du groupe appartiennent à des "zinzins" - les investisseurs institutionnels - 5% à des actionnaires individuels, 5% à la Deutsch Bank et 3 et demi% aux salariés). Orange est une entreprise privée et ce n'est pas Matignon qui convoque le Conseil d'administration mais Stephane Richard lui-même.
Si les représentants de l'Etat au Conseil se prononçaient pour le départ de l'actuel patron, cela serait immédiatement interprété comme un geste politique, surtout si son successeur s'appelle Anne LAUVERGEON. Le nom de l'ancienne patronne d'AREVA et ancienne sherpa de François Mitterrand revient de manière insistante dans les milieux avisés.
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