Pétrole, l'irrésistible chute des cours
Au même titre qu’à la bourse les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, en sens inverse, le marché pétrolier ne peut pas enfoncer le plancher.
40 dollars le baril. on est même passé en dessous des 40 brièvement en journée. Pour référence, il y a 18 mois, le baril valait 115 dollars (chute de 60%).
On invoque le ralentissement de la Chine mais il a bon dos. C’est aussi et surtout :
1- La décision des 12 pays membres de l’OPEP – le cartel des pays producteurs qui pompent environ 1/3 du brut mondial – de ne pas toucher à leur niveau actuel de production malgré les excédents sur le marché : beaucoup d’offre et peu demande entraînent des prix cassés. Les excédents sont évalués aujourd’hui à 3 milliards de barils (+9% sur un an).
2- L’émergence de la production du pétrole de schiste américain qui perturbe la donne et ne plaît guère aux pays producteurs de l’or noir.
L’OPEP peut-elle se permettre de poursuivre sur cette voie ?
Pour les pays producteurs, la baisse des cours est effectivement un sérieux manque à gagner. On a récemment évoqué le cas de l’Arabie Saoudite qui voit ses ressources sérieusement entamées, mouvement incompatible avec son statut d’Etat providence.
L’OPEP veut laisser le marché se rééquilibrer via le seul mécanisme des prix. Le cartel part du principe que le cours doit contraindre l’offre : les prix bas vont faire remonter la demande et rééquilibrer le marché.
L’impact est ressenti à la pompe
Prix du Diesel constaté aux stations-service de grandes surfaces : un euro 03 le litre. Du jamais vu depuis longtemps.
Les experts estiment que ce mouvement durera tant que le marché ne se sera pas rééquilibré comme l’attend l’OPEP.
Un autre facteur joue également : le relèvement attendu des taux d’intérêts américains à la mi-décembre qui fera remonter le dollar.
Or, l’expérience prouve que la vigueur du billet vert contribue traditionnellement à faire baisser les prix du brut. Plus le pétrole est cher, moins on l’achète, donc les cours baissent, etc…
Sérieuses répercussions sur les industriels du secteur
Le groupe parapétrolier français CGG, spécialisé dans les études et équipements sismiques, lèvera bientôt 350 millions d’euros sur les marchés pour renforcer ses fonds propres. CGG annonce également la suppression de 13% de ses effectifs et la réduction de sa flotte de cinq navires. Ses pertes ont été multipliées par neuf sur un an.
TOTAL est également touché avec abandon de projets d’investissements et réduction des perspectives d’exploration.
Si le consommateur automobiliste se réjouit de cette baisse des prix du brut, il doit aussi considérer les effets induits.
On peut surtout s’interroger sur l’attitude des pays producteurs dont les objectifs semblent finalement bien éloignés de leurs engagements dans le cadre de la COP 21… Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
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