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Pétroplus, les illusions perdues

La direction et les administrateurs judiciaires de Pétroplus ont rejeté les 5 offres de reprise de la raffinerie située à Petit-Couronne en Seine-Maritime. Ces offres ont besoin d'être finalisées. Un nouveau rebondissement dont on se serait bien passé.
Article rédigé par franceinfo
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Rebondissement, imbroglio, coup de théâtre... c'est plutôt une pantalonnade. En l'espace de 24 heures, on a entendu tout et son contraire. Mardi, Arnaud Montebourg jure ses grands Dieux que 2 offres sont sérieuses et ''financées''. Hier, il reconnaît qu'aucune offre n'est recevable par le tribunal de commerce car elles doivent être finalisées, autrement dit : proposer un engagement ferme, formulées dans une offre structurée et apportant des preuves de financement. Mieux, hier encore, le patron du groupe égyptien Arabiyya Isthimarra, présenté comme  sauveur fiable, dément avoir déposé une offre de reprise alors que l'offre est bien réelle selon son représentant français. L'égyptien serait-il déjà en train de faire marche arrière ? On n'ose l'envisager.


Cela pose la question de savoir s'il existe réellement une issue positive*

L'enjeu social est lourd mais pour le gouvernement, se battre contre vents et marées dans cette affaire, c'est nier la situation du secteur du raffinage, en Europe en général, en France en particulier. On estime à environ 15% les surcapacités sur le Vieux Continent qui compte aujourd'hui selon les experts jusqu'à 18 raffineries de trop. Sur l'ensemble de l'Europe 7 raffineries ont été contraintes à la fermeture depuis 2009. En France, le raffinage est déficitaire de 800 millions d'euros... et cette surcapacité est totalement décorellée des cours du baril de brut. On ne peut plus lutter avec ces usines que les pays producteurs installent aux pieds des puits de pétrole et dont les coûts de production sont jusqu'à plus de 2 fois inférieurs aux nôtre. Quant au site de Petit-Couronne qui date de 1929, il faudrait au bas mot 500 millions d'euros pour le rénover... mais pour quoi faire dans ce contexte si peu porteur ?!!


Vous voulez dire que les 470 salariés du site ne doivent plus se bercer d'illusions ?*

Beaucoup d'éléments le laissent penser. Par exemple, le 16 avril décidée pour déposer les offres finalisées n'a pas été choisie au hasard. Les liquidités dont disposent Pétroplus ne permettent de payer les salaires que jusqu'à cette date. Par ailleurs, une procédure d'information en vue d'un plan de sauvegarde de l'emploi a été engagée à titre conservatoire... l'objectif est de permettre aux salariés de bénéficier des mesures d'accompagnement social en cas de fermeture du site. Enfin, trouver un repreneur coûte que coûte, avec aide financière publique à l'appui, ça serait risquer de tomber sur un chasseur de prime. Peut-on encore se permettre un nouvel épisode tragique du type Arcelor Mittal avec des illusions entretenues pendant des années pour arriver au résultat que l'on sait ? Après Florange, Aulnay et bien d'autres, Petit-Couronne doit servir de leçon. A la CGT dont l'attitude dans ce dossier a été critiquée jusqu'à l'intérieur du syndicat. Leçon également pour le législateur. Les députés de la majorité planchent actuellement sur un projet visant à obliger de vendre un site rentable promis à la fermeture. Le texte semble avoir du plomb dans l'aile.

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