Pourquoi Washington presse l'Europe de sauver la Grèce
Pas besoin d’espionner les conversations téléphoniques des uns et des autres : Washington est officiellement en veille permanente sur le dossier grec. Barack Obama suit le situation au jour le jour, notamment grâce à son secrétaire d’Etat au Trésor, Jack Lew.
La dernière conversation officielle date de dimanche 12 juillet dans l'après-midi. Jack Lew a apporté son entier soutien au Premier ministre grec Alexis Tsipras. Washington défend bec et ongles l’option d’une restructuration de la dette grecque, n’hésitant pas à aller contre l’avis de beaucoup de pays européens opposés à une telle restructuration. On frôle l'ingérence dans les affaires européennes.
Pourquoi cette implication aussi forte des Etats-Unis ?
Sur le plan géopolitique, les Etats-Unis voient d’un très mauvais œil le rapprochement d’Athènes et Moscou. Depuis le début de la crise, les liens se resserrent entre le gouvernement grec et le président russe Vladimir Poutine. Dans cette affaire, chacun pousse ses pions… y compris la Turquie.
La Grèce, c’est aussi l'une des portes sud des Balkans avec, en filigrane, les couloirs énergétiques et la poussée de Daech. Quel rempart la Grèce serait demain si elle venait à être boutée hors de la zone euro ? C'est une des questions.
Sur le plan économique, quelle carte joue les Etats-Unis en soutenant la Grèce ?
La Grèce est, pour les Etats-Unis, un facteur important à plus d’un titre.
Elle ne représente que 2% du PIB européen (la richesse produite au sein de la zone euro), mais les Américains savent très bien que l’Europe est leur premier partenaire commercial après la Chine dont le moteur tourne un peu moins vite et connaît en ce moment une crise financière majeure (la bourse de Shangaï a perdu 30% en 1 mois).
Avec l’Europe, Washington ne veut pas avoir à subir les affres d’un deuxième moteur en panne après l'Empire du Milieu.
D'autant que le moteur américain connaît, lui aussi, quelques difficultés
La reprise est là outre-Atlantique, mais elle est poussive, et les taux d’intérêts remontent. Et puis, il ne faut pas oublier que les Américains négocient actuellement le très controversé traité transatlantique de libre échange commercial. Le grain de sable grec pourrait enrayer la machine et compliquer l’affaire. Autant de raisons qui poussent Washington à se faire juge de paix dans le dossier grec.
Enfin, gardons à l'esprit que les USA sont les premiers contributeurs financiers du FMI. Même s'il réaffirme ce matin qu'il ne veut pas entendre parler du Fonds Monétaire International dans le nouveau plan d'aide, le Premier ministre grec Alexis Tsipras pourrait voir là une dernière carte à jouer dans les dures négociations avec ses créanciers.
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