Immersion dans un point de deal avec Siam Spencer, le Hip Hop Symphonique avec Issam Krimi, et la pièce "Léviathan" de Lorraine de Sagazan

Dans Tout Public du jeudi 14 novembre 2024, Siam Spencer pour "La Laverie – Trafics, violences et une vie quotidienne : un an d’immersion au cœur des cités", Issam Krimi pour la 9e édition de Hip Hop Symphonique à la Maison de la Radio, et la pièce "Léviathan" de Lorraine de Sagazan.
Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Siam Spencer, Issam Krimi, et la pièce "Leviathan". (FRANCEINFO / SIMON GOSSELIN)

Dans son livre La Laverie, la journaliste indépendante Siam Spencer plonge au cœur du principal point de deal du département des Alpes-Maritimes, dans le quartier des Moulins, à Nice. Un récit à la fois personnel et professionnel, l’autrice ayant occupé un logement de la cité pendant sept mois. L’autrice témoigne qu’"en tant qu'habitant, on se sent vraiment comme un habitant de seconde zone", et rappelle "que des gens vivent dans ces conditions depuis 40 ans". Ces conditions, ce sont "les cafards, les rats, l'urine du chien de la voisine qui dégoulinait tout le temps sur le balcon, les odeurs de poubelles…" mais surtout les coups de feu, liés au trafic de drogue, et avec lesquelles les habitants se résignent à vivre au quotidien.

"Grandir dans cet univers-là, c'est aussi parfois ne pas prendre conscience de l'anormalité dans laquelle on évolue."

Siam Spencer

franceinfo

Ce livre, c’est en effet l’histoire du quotidien des habitants du quartier des Moulins. Le récit d'enfants qui jouent aux guetteurs qu’ils entendent et voient toute la journée, de l’impossibilité pour les locataires très précaires de quitter leur logement, mais aussi de la solidarité et de la dignité qu'ils gardent malgré tout. "Il y a un tel manque de dignité via le logement qu'on se revendique du quartier, en se disant : il faut que j'aie la tête haute, je suis habitant de ce quartier et ça m'appartient, l'espace public m'appartient, et j'en suis fier."

La Laverie – Trafics, violences et une vie quotidienne : un an d’immersion au cœur des cités (Robert Laffont) de Siam Spencer est à retrouver dès à présent en librairie.

Issam Krimi : le fédérateur des musiques

À l'occasion de la 9e édition de Hip Hop Symphonique organisé par Radio France, Tout Public reçoit son directeur artistique, le producteur de musique Issam Krimi, connu pour savoir faire le pont entre les genres. Cette année, le concert met à l’honneur le rappeur Josman, succédant à SCH, Ninho, Gazo, Chilla, et bien d’autres.

Le musicien Issam Krimi explique que son amour pour la musique est fondé sur sa capacité à rassembler. "La musique est une œuvre collective. (…) Il y a quelque chose de particulier dans la musique, c'est qu'elle se fait toujours avec d'autres", explique-t-il, ajoutant que "l'évolution de la musique est liée à l'évolution et à la rencontre entre différents mondes".

De cette manière, ce moment musical qui lie rap et musique classique, deux genres qu’on aurait tendance à opposer, permet à des publics bien distincts de faire la rencontre d’un style musical vers lequel ils ne se seraient pas tournés d’eux-mêmes. Issam Krimi témoigne que "lorsque les plus réticents ont la chance d'écouter le Hip Hop Symphonique, ils changent immédiatement d’avis", précisant que les plus difficiles à convaincre sont ceux provenant du classique, tandis que le public venant du rap se révèle être "extrêmement curieux", ceci étant "quelque chose d’inhérent dans la culture hip-hop", affirme-t-il.

"Léviathan", la monstruosité de la comparution immédiate

La pièce "Léviathan" de Lorraine de Sagazan met en scène la justice en comparution immédiate. (SIMON GOSSELIN)

Dans son nouveau spectacle Léviathan, Lorraine de Sagazan plonge le spectateur dans le monde de la justice, ou plutôt de l’injustice de la comparution immédiate. C’est en effet ce qu’a observé la metteuse en scène en se documentant pour l’écriture de la pièce. "Ce processus est souvent appelé la chambre des misères et tout le monde m'a dit une seule chose, c'est qu'il n'y a pas de justice en comparution immédiate."

Lorraine de Sagazan n’a pas voulu faire de son spectacle un théâtre documentaire, et cela se retrouve dans la forme, en ayant notamment recours à des masques, dont se parent les comédiens, et qui figent leur visage, afin de montrer à quel point cette justice est désincarnée. Une justice, lointaine pour la plupart des gens, et en particulier pour ses prévenus déjà à la marge de la société. "Dans les histoires de justice actuelle, on voit que le vocabulaire est du côté des professionnels, ce qui est un vrai problème, puisqu’il éloigne les gens de leurs problématiques judiciaires", estime la metteuse en scène.

"Léviathan" prend place dans le décor d'un chapiteau. (SIMON GOSSELIN)

Léviathan de Lorraine de Sagazan se joue actuellement au Théâtre National de Bretagne jusqu'au 16 novembre 2024, puis sera en tournée dans toute la France dans les mois à venir.

Une émission avec la participation de David Di Giacomo, chef du service police-justice de franceinfo, et des journalistes Matteu Maestracci et Thierry Fiorile du service culture de franceinfo.

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