La chute de Bachar al-Assad vu par des artistes syriens, et les enjeux de l'accusation d'Adèle Haenel contre Christophe Ruggia, affaire à l’origine du #MeToo français
S’il y a une chose sur laquelle s’accordent les artistes franco-syriens Dunia Al Dahan et Karim Serjieh à la suite de la chute de Bachar Al-Assad, c’est leur volonté de reconstruire leur pays, et de se projeter dans le futur. Dunia Al Dahan, réfugiée en France depuis 2014 et autrice du livre Artistes syriens en exil, œuvres et récits, dit avoir "beaucoup de choses à faire en Syrie", débordant d'idées, elle évoque le souhait de retourner vivre dans son pays natal. Parmi les projets qu’elle envisage pour la Syrie, il y a la volonté de convertir les nombreuses prisons syriennes en musées et centres culturels. Des projets qui devront aussi permettre de préserver la mémoire du pays, et "témoigner des traces de l'époque d'Assad pour continuer à montrer ce qu'on a vécu en Syrie et pourquoi on a fait cette révolution", explique Dunia Al Dahan.
"Notre rêve maintenant, c’est de construire un nouveau pays, démocratique, libre, et juste."
Karim Serjiehfranceinfo
Le réalisateur franco-syrien Karim Serjieh voit la chute de Bachar al-Assad du même œil. Auteur du documentaire Le Pacte d’Alep, réalisé entre 2011 lors des premières manifestations à Alep, et 2016 lors de l’évacuation de la ville assiégée, il explique avoir le désir de projeter son film à Alep maintenant que son statut d’opposant au régime ne peut plus le compromettre. "On doit montrer ça à tout le monde", déclare le réalisateur, affirmant par ailleurs l’importance pour la nouvelle génération de voir ces images. Et alors qu’il compare la Syrie qui précédait la chute de Bachar Al-Assad à une "prison", il estime essentiel de montrer qu’un autre futur est possible, déclarant que ce futur plus radieux "arrive aujourd’hui".
Le livre Artistes syriens en exil, œuvres et récits (éditions Média pop) de Dunia al-Dahan est à retrouver en librairie.
Début d'un procès crucial dans l'histoire du Metoo français
En même temps, que débute le procès pour agressions sexuelles de Christophe Ruggia pour des faits survenus entre 2001 et 2004 sur l’actrice Adèle Haenel, alors qu’elle était mineure, se tiennent les Assises pour l’égalité et l’inclusion dans le cinéma français du collectif 50/50 au Forum des Images à Paris. Une occasion pour la déléguée générale du collectif Clémentine Charlemaine de réagir à ce procès qui constitue l’aboutissement des accusations qui ont lancé le #MeToo du cinéma français.
"Il y a quelque chose de très emblématique dans le cinéma parce que ce domaine façonne l'imaginaire collectif, et c'est en ça que c'est très important que ce genre de pratiques change."
Clémentine Charlemainefranceinfo
Clémentine Charlemaine salue les avancées en matière de violences sexistes et sexuelles qui transforment peu à peu l’industrie du cinéma, tout en soulignant les efforts et les progrès qu’il reste à accomplir. Elle donne pour exemple le nouvel impératif de mettre en place des encadrants pour accompagner les mineurs sur les tournages, ceux-ci n’étant néanmoins pas obligatoires dans les phases de préparation, comme la phase du casting. "Donc il y a encore des choses à améliorer, mais c’est un premier pas", juge l’administratrice du collectif.
Clémentine Charlemaine indique par ailleurs que le combat contre les violences sexistes et sexuelles, bien que particulièrement mises en avant dans le milieu du cinéma, touche la société tout entière, ces dernières se rapportant aux questions profondément ancrées "de pouvoir et de domination".
Une émission avec la participation de Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, journalistes au service culture de franceinfo.
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