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Toute dernière fois. 1967, le dernier duel politique de l'Histoire de France

Tout l'été, nous revenons sur ces moments où l'histoire s'achève. Le 21 avril 1967, se déroule le dernier duel politique de l'Histoire de France.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Gaston Defferre et René Ribière s'affrontent dans un duel à l'épée dans le jardin d'une maison de Neuilly-sur-Seine, le 21 avril 1967. (AFP)

La scène a de quoi surprendre. Dans la salle des Quatre colonnes de l’Assemblée nationale où se croisent députés et journalistes, deux hommes fondent littéralement sur Gaston Defferre. Le député-maire de Marseille à l’accent chantant et au verbe haut sort d’une joute épique dans l’hémicycle. À l’issue d’un débat houleux avec le député gaulliste de Seine et Oise René Ribière, Defferre lui lance un tonitruant : "Taisez-vous, abruti !"

Les deux hommes qui s’adressent à Defferre sont envoyés par René Ribière. Ils demandent au maire de Marseille des excuses, ce qu’évidemment le fier provençal refuse sur le champ. C’est alors que les deux hommes lui annoncent que dans ce cas, le député Ribière demande réparation par le fer. Pour des hommes de cette génération, cette formule ne nécessite aucune explication. Pour la nôtre, il faut préciser que par ces mots, Ribière provoque Defferre en duel et ce duel se fera à l’épée.

Ribière est audacieux

Audacieux parce qu’il n’y a plus eu de duel depuis près d’une dizaine d’années. Le précédent avait eu lieu en mars 1958 dans l’Eure et avait mis aux prises, pour un différend artistique, le danseur Serge Lifar et le marquis de Cuevas. Ce dernier avait pour témoin un certain Jean-Marie Le Pen.

C'est une pratique d'un autre temps. Et sans remonter au Moyen-Âge quand elle fut inventée, elle rythma la vie politique française surtout au XIXe siècle. La chose était rigoureusement codifiée. En 1836, le comte de Chateauvillard rédigea un essai sur le duel qui devint la référence. Nombre de différends au moment de la crise boulangiste ou de l'affaire Dreyfus se réglèrent par un duel qui, très rarement, se terminait par la mort du vaincu. Le sang suffisait dans la plupart des cas.


Dans notre cas, René Ribière est audacieux parce qu'il n'a jamais fait d'escrime. Il se précipite dans la salle d'armes de l'Assemblée nationale. Le maître d'armes, affligé par le niveau de son nouvel élève, ne pourra que lui souhaiter l'aide de Dieu.
C'est dans le parc d'un hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine que, le 21 avril 1967, les deux députés se retrouvent sous le regard ironique des reporters présents. Rapidement, Defferre touche deux fois Ribière, le sang coule. L'arbitre fait alors cesser le combat. Defferre peut pavoiser.

Gaston Defferre : "Ils avaient amené des épées élimées, heureusement moi j'avais amené de vraies épées !"

Un journaliste : "Vous l'avez blessé gravement ?"

Gaston Defferre : " Non, il a été blessé au bras. Moi, j'ai annoncé que si j'étais blessé je continuais, j'ai prévenu mes témoins, j'ai prévenu le directeur du combat et lui a déclaré qu'il s'arrêtait au premier sang. Je l'ai égratigné et il a dit que ça saignait et il a voulu s'arrêter. On ne pouvait pas l'obliger à se battre. À la fin je lui ai dit que s'il voulait recommencer, j'étais prêt. Il était mort de peur."

Le dernier duel ne restera dans l'histoire que... parce qu'il s'agit du dernier de l'histoire. 

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