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Réduire le bruit : les radars sonores contre les incivilités routières

Face aux effets néfastes du bruit sur la santé, on pourrait bien, un jour, être verbalisé pour excès de bruit, lequel entre déjà en compte pour homologuer des véhicules. Le lancement d’une expérimentation de radar sonore dans les Yvelines témoigne de cette attention grandissante portée à la pollution sonore.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un ingénieur teste et enregistre le bruit des véhicules. (Illustration) (MONTY RAKUSEN / IMAGE SOURCE / GETTY IMAGES)

Les essais du premier radar anti-bruit, qui sont actuellement en cours, pourraient en effet permettre un jour d’interpeller les conducteurs de véhicules dépassant un seuil de niveau sonore fixé réglementairement. Testé avec verbalisation seulement à la fin de l’expérimentation à l’automne 2022, il vise surtout à réduire les incivilités.

Fanny Mietlicki, directrice de l’association Bruitparif qui a participé à l’élaboration de l’appareil explique : Ce qui est visé par ce dispositif, ce n'est pas de dresser des amendes à l’encontre de toutes les voitures qui passent. La cible ce sont les comportements inciviques au volant ou en moto. Ce radar s’adresse donc plutôt à des conducteurs qui trafiquent leurs véhicules.

Quels seuils de bruit et quelles tolérances ?

Il reste néanmoins à déterminer les seuils et les tolérances, notamment par rapport au ressenti, comme autour des aéroports ou à proximité des voies ferrées, et tenir compte des bruits parasites.

Si le niveau sonore à ne pas dépasser sera probablement fixé à un seuil de 90 décibels, car juste au-delà du niveau sonore normal des véhicules, il n’est pas rare d’entendre des motos qui dépassent les 110 décibels, c’est-à-dire proche du niveau qui peut occasionner des séquelles. Pour autant, les radars sonores ne font pas l’unanimité. 

"C’est punitif. C’est évident à partir du moment où l’on dit qu’au lieu de faire cette expérimentation qui a pour but de savoir d’où viennent les sources de bruits socialement gênants, on va commencer par sanctionner. On est encore à l’envers de ce qu’on préconise à la FFMC, à savoir l’appel à l’intelligence, à la formation, à l’éducation, avant de faire appel à la sanction. Un radar n’a jamais fait l’éducation de personne", souligne Didier Renoux, de la

Diminuer la pollution sonore reste toutefois un enjeu qui gagne en importance au fil du temps. Cette attention portée au bruit nous vient premièrement de la crise sanitaire, qui a permis à de nombreux citadins de découvrir le confort qu'apporte un environnement silencieux, la nuit par exemple. Plus qu’un enjeu de qualité de vie, il relève aussi du domaine de la santé publique. 

"Je suis évidemment pour tout ce qui peut limiter les nuisances, avec entre autres, l’installation de ces bornes sonores car le bruit peut tuer. Dans une ambiance bruyante, vous développez tous les symptômes du stress : le cœur qui s'accélère, l’hypertension, les problèmes du sommeil, les maladies cardiovasculaires - jusqu’à l’infarctus, voire l’AVC.”

Jean-Luc Puel, directeur de recherche à l'INSERM

à franceinfo

Jean-Luc Puel est également professeur de neurosciences à Montpellier

Seulement, si ce type de régulation se focalise sur les excès individuels, la majorité du bruit du trafic est issue de l’ensemble des véhicules. Dans les  véhicules, le bruit du roulement est souvent prépondérant par rapport à celui du moteur, et augmente avec la vitesse. Pour agir sur ce point, d’autres solutions peuvent être envisagées, comme la réduction de la vitesse, les revêtements de route absorbants ou la technologie des pneumatiques, et évidemment toutes les mobilités douces… Des solutions qui peut-être, ne tarderont pas à émerger.

9 millions de Français concernés 

En effet, la lutte contre la pollution sonore a été renforcée depuis que l’ADEME et le Conseil national du bruit ont publié un rapport en juillet dernier, estimant qu’il y aurait près de neuf millions de Français concernés par des niveaux sonores supérieurs aux seuils recommandés. Le coût social du bruit y est chiffré à 147 milliards d’euros par an en France, dont 66% sont dus aux transports. 

Et ce phénomène n’est pas que français, il est mondial : d’ailleurs quelques pays, tel que le Japon, aménagent, dans les villes des “zones de repos sonores''! 

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