Contamination de l'eau du robinet par un pesticide : doit-on s'inquiéter ?
Un tiers de l'eau potable en France testée par l'agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) est contaminée par un résidu de pesticide. Selon l'agence, parmi les polluants scrutés, le métabolite du chlorothalonil a attiré l'attention des chercheurs. Que signifie un métabolite ? Cela signifie qu'il est issu de la dégradation d'une substance active, en l'occurrence le pesticide, qui va en réalité générer une à plusieurs molécules qui vont se dégrader dans le milieu par l'effet des pluies, du ruissellement, puis vont rejoindre les milieux souterrains, dans les nappes phréatiques, voire même dans les rivières. C'est pour cela qu'on le retrouve jusque dans notre robinet.
Le chlorothalonil était un pesticide utilisé pendant 50 ans avant d’être interdit en 2020 en France car probablement cancérigène. En 2017, on utilisait cette molécule dans 39 produits pour une cinquantaine d'usages qui allaient du traitement des céréales comme le blé, l'orge, le seigle, voire sur les légumes comme les tomates, les concombres ou encore les oignons, les carottes ou les melons. Donc, en réalité, il est disséminé partout.
La Suisse découvre ce pesticide dans ses eaux en 2013
En réalité, en 2013, la Suisse découvre complètement par hasard la présence de chlorothalonil. Elle va mener une enquête pendant plusieurs années et va découvrir à ce moment-là que ce fameux R471811, celui dont on parle aujourd'hui en France, est en bien plus forte concentration encore qu'avant. Près de 60% de la concentration est retrouvée dans tous les robinets de Suisse : les deux tiers de nos voisins suisses sont directement concernés par cette molécule. Les autorités ont alors demandé aux agriculteurs d'arrêter massivement d'utiliser ce pesticide, sauf qu'il reste encore présent dans les terres. La Suisse se retrouve aujourd'hui dans une situation assez particulière à devoir essayer de lutter contre sans en parler et malgré tout en augmentant de 75% la facture d'eau pour pour traiter l'eau avec des moyens beaucoup plus chers. Et c'est le consommateur qui paye en Suisse alors qu'en réalité, il serait beaucoup plus logique que ce soit le pollueur.
Doit-on s'inquiéter de son robinet ou de son assiette puisque ces produits sont mis directement sur nos produits de consommation ? Une solution : manger bio à l'échelle mondiale. Une étude, réalisée en novembre 2017 et parue dans Nature, met en évidence le fait qu'on pourrait nourrir l'intégralité de la population mondiale avec des produits biologiques. Mais cela demanderait beaucoup plus de terres à cultiver, et donc on participerait un peu plus à la déforestation. Sauf si on joue sur deux éléments : le gaspillage alimentaire, et la réduction de notre part de viande dans notre assiette puisque 70% des terres en Europe sont fabriquées pour faire des céréales, qui ensuite sont transmises directement à du bétail, donc nourrissent de la viande et ne nous nourrissent pas directement. On a là une marge de manœuvre colossale.
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