À l'image du Pakistan, toute l'Asie vient de connaître un été de catastrophes climatiques
Le Pakistan subit des inondations meurtrières, et le lien avec le réchauffement climatique parait probable. Et c’est en fait un problème dans toute l’Asie qui, plus encore que l’Europe, vient de connaître un été dramatique.
Un océan d’eau boueuse, à perte de vue : voilà à quoi ressemble aujourd’hui une bonne partie du Pakistan, littéralement sous les eaux, en particulier dans la province du Sind, au Sud, autour de Karachi. Le premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif affirme que ce sont les pires inondations depuis 30 ans, pires encore que celles de 2010 qui sont restées dans la mémoire des Pakistanais.
Sur les 220 millions d’habitants du pays, plus de 30 millions sont touchés soit un habitant sur sept. On compte au moins un million de maisons détruites et le bilan de 1 060 morts va probablement s’alourdir. D’autant que le fleuve Indus menace de sortir de son lit. Les opérations de secours sont très difficiles à effectuer puisqu’il n’y aucune zone d’atterrissage possible dans ces régions totalement inondées.
Pour les pouvoirs publics pakistanais, le lien avec le réchauffement climatique ne fait aucun doute. Ces pluies diluviennes durent en fait depuis plus de deux mois. Ces inondations records sont dues à la fois à une mousson d’une très forte intensité, et aussi à la fonte des glaciers dans l’Himalaya qui provoque des débordements de rivières. Cela ne va sans doute pas s’arranger dans les années qui viennent : le Pakistan est considéré comme l’un des huit pays au monde les plus exposés aux phénomènes météo extrêmes.
Une sécheresse sans précédent en Chine
L’autre géant d’Asie, la Chine, est à l’inverse en proie à une sécheresse sans précédent. Le pays vient de connaître deux mois d’une canicule historique, la pire depuis 60 ans, donc en réalité la pire depuis l’existence de relevés météo fiables dans le pays. La moitié du pays est touchée, depuis la région montagneuse du Tibet jusqu’aux zones côtières à l'est du pays, le poumon économique de la Chine. Là encore, les images sont spectaculaires, mais dans un autre genre : sols craquelés, lacs asséchés, rivières réduites à un filet d’eau. Le célèbre fleuve Yang Tse est au plus bas. La température a atteint les 45 degrés en août dans certaines villes.
Les conséquences principales sont de deux ordres, d’abord, sur les récoltes de maïs, de riz, de soja, des cultures qui nécessitent beaucoup d’eau; ensuite sur la production d’électricité, qui dépend beaucoup en Chine de l’énergie hydraulique. Plusieurs villes ont déjà mis en place des rationnements d’électricité, des limitations de l’éclairage public. Certaines usines de construction automobile sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Et là encore, comme au Pakistan, ce n'est sans doute que le début : le manque d’eau s’annonce comme un problème criant en Chine dans les années à venir.
Des conséquences pour l'économie mondiale
C'est en fait toute l’Asie qui vient donc de connaître un été catastrophique, encore pire que l’Europe. On pourrait multiplier les exemples : le manque d’eau est également criant en Asie Centrale, par exemple dans un pays comme le Tadjikistan. Alors qu’en Extrême-Orient, le Japon a connu en début d’été des températures record après une saison des pluies d’une brièveté sans précédent. Et là aussi, il a fallu ponctuellement rationner l’électricité. Cette situation climatique en Asie peut avoir des effets en chaîne pour toute la planète. Par exemple, si la Chine, faute de récoltes suffisantes, doit importer du riz et du soja, c’est tout le marché mondial de l’alimentation qui sera déstabilisé.
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