Au Brésil, les atermoiements de Lula sur l’environnement
Lula, le président brésilien est-il en train de trahir ses promesses de campagne sur la question de l'environnement ? Un projet de loi qui vient d'être approuvé par une commission mixte au Congrès jette un doute sur sa volonté politique.
Sur le dossier de l’environnement, les ONG et les peuples indigènes sont inquiets de l'offensive parlementaire des pro-Bolsonaro, aiguillonnés par les lobbys de l'industrie énergétique, minière et agro-alimentaire. Le vote d'un texte, approuvé en commission mixte au Congrès, mercredi 24 mai, par 15 voix contre trois, vise à modifier les attributions de plusieurs ministères, au détriment de ceux de l'Environnement et de celui des Peuples indigènes. Concrètement, le ministère de l'Environnement se verrait retirer ses compétences sur le cadastre des terres rurales et sur la gestion de l'eau. Autant de domaines-clés dans la lutte contre la déforestation de l’Amazonie. Les députés ont aussi voté un amendement à une autre loi, qui cette fois-ci, fragilise les agences de protection de la Mata Atlantica, la forêt du littoral atlantique.
Parallèlement, le ministère des Peuples indigènes, créé dès le retour de Lula au pouvoir en janvier dernier, se verrait amputer d'une prérogative majeure : celle de la responsabilité de délimiter le territoire de nouvelles réserves indigènes, qui serait transférer au ministère de la justice. Autant de changements qui favorisent le déboisement et les activités minières et agro-alimentaires au détriment de la forêts et des populations autochtones.
Lula coincé politiquement
Alors qu'il avait pourtant fait de la protection de l'environnement une priorité de sa présidence, notamment pour rompre avec le bilan catastrophique de son prédécesseur le climato-sceptique Jaïr Bolsonaro, le président Lula temporise. Pourtant, la forêt amazonienne est un marqueur écologique non seulement pour le Brésil mais aussi pour la planète entière. Au plan politique, le président brésilien est coincé. Il doit composer avec une majorité étriquée au Sénat avec 42 sièges sur 81 et une majorité relative à la Chambre des députés. Or, face au harcèlement parlementaire de ses opposants, Lula semble passif et timoré. C'est d’ailleurs ce que lui reproche ses partisans, qui regrettent que le président n'ai pas mis plus d'engagement personnel dans ce dossier pourtant emblématique de ce nouveau Brésil qu'il veut promouvoir.
Ce texte sur le ministère de l'Environnement et celui des Peuples indigènes doit encore être soumis à un vote en séance plénière. On verra alors quel signal politique envoie Lula, lui qui veut organiser la COP en 2025 à Manaus au cœur de l'Amazonie.
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