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Australie : de championne du charbon à superpuissance des énergies renouvelables ?

L'Australie, nation du charbon, qui exporte massivement cette énergie fossile, la plus émettrice en CO2, semble aujourd'hui changer de braquet sur le sujet.
Article rédigé par franceinfo, Julie Pietri
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre australien Anthony Albanese à Wellington (Nouvelle-Zélande) en juillet 2023. (MARTY MELVILLE / AFP)

C'était en 2017, pas si loin de nous que ça, Scott Morisson, conservateur, membre du gouvernement de l'époque qui deviendra plus tard Premier ministre, amène un morceau de charbon au Parlement. "C'est du charbon, n'ayez pas peur, ça ne vous fera pas de mal", disait-il en se moquant de l'opposition dans un pays où le charbon, exporté à l'international, rapporte des dizaines de milliards chaque année et emploie des dizaines de milliers de personnes. 

>> La consommation mondiale de charbon pourrait atteindre un "niveau record" en 2023, prévient l'Agence internationale de l'énergie

Mais en 2022, après neuf ans de pouvoir conservateur, les travaillistes remportent les élections législatives. Et le nouveau Premier ministre, Anthony Albanese imagine alors l'Australie dans un autre rôle. 

Du charbon aux énergies renouvelables

Sa promesse : en 2030, 82% de l'électricité en Australie sera produite grâce au solaire ou au vent. Selon le professeur Mickael Brear, directeur de l'Institut de l'énergie à l'Université de Melbourne "c'est un objectif très ambitieux". Il ajoute :"Mais même si nous n'atteignons pas les 80 % et quelques, il est bon de viser haut. Aujourd'hui, l'Australie est encore très dépendante du charbon pour sa production d'électricité. Deux tiers à trois quarts de notre électricité viennent de la combustion du charbon. Bien sûr, l'Australie étant un pays vaste et ensoleillé, les énergies renouvelables se portent très bien et se développent rapidement en ce moment".

La réduction du charbon... pour des raisons économiques


Il y a quelques mois, la plus vieille centrale électrique à charbon d'Australie, Liddell a fermé. Est-ce que cela veut dire que l'Australie n'ouvrira plus de mine de charbon ? Ce n'est pas si sûr. 

"C'est en débat, explique encore Michael Brear. Je pense qu'il est généralement admis qu'il n'y aura pas de nouvelles mines de charbon pour approvisionner les clients australiens parce que nous fermerons nos centrales électriques au charbon dans les 10 à 15 prochaines années, plus rapidement que ce qui est actuellement prévu, en fait. Mais bien sûr, l'Australie est l'un des plus grands exportateurs de charbon au monde. Nous avons récemment ouvert une mine de charbon pour servir principalement les clients indiens. Je pense qu'il est donc trop tôt pour dire que l'Australie n'ouvrira jamais une autre mine de charbon pour l'exportation, mais beaucoup de gens espèrent que cela ne se produira pas".

Ce changement s'explique en partie pour des raisons économiques car le charbon rapportera moins d'argent à l'avenir. Le ministère de l'industrie australien a prédit une chute de moitié de la valeur de ses exportations de charbon thermique, c'est-à-dire qui permet de produire de l'électricité, dès 2024-2025. Il anticipe la baisse de commandes chinoises dans les années à venir.

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