Côte d'Ivoire : le thermomètre bat des records à cause d'El Niño

Depuis janvier, toute l'Afrique de l'Ouest bat des records de chaleur attribués au phénomène météorologique El Niño.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marchandises à vendre au carrefour de N'Zianouan, près de Tiassale, en Côte d'Ivoire, le 4 février 2024. (ISSOUF SANOGO / AFP)

Habituellement, on évoque le phénomène El Niño pour parler de ses conséquences en Amérique du Sud, ou encore sur la côte est de l’Afrique : Somalie, Madagascar, Afrique du Sud. Il est donc inhabituel de voir ces records de chaleur en Côte d'Ivoire, sur la côte Ouest. En 2024, entre février et mars, le thermomètre est monté jusqu'à 41 degrés, alors que normalement, il ne dépasse pas les 35-36 degrés.

La Côte d'Ivoire n'est pas le seul pays de la région touché. Au Mali, la ville de Kayes, au Sud-Ouest, a suffoqué sous 48,5°C début avril. Il faut préciser qu'El Niño n'est pas le seul responsable de ce dérèglement, le développement de l'industrie et l'action humaine jouent aussi leur rôle.

L'Afrique se réchauffe plus vite que le reste du monde

Même si l'Afrique n'émet que 7% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle se réchauffe plus vite que les autres continents. Les températures y ont augmenté de 1,4°C, contre 1,1°C à l'échelle mondiale. Quand vous parlez avec des personnes âgées, vous êtes surpris de ce qu'elles vous racontent. Elles vous expliquent que là, avant, il y avait de l'herbe, des arbres et que des fruits poussaient, alors qu'aujourd'hui, c'est juste une dune de sable où plus rien ne pousse.

Cette chaleur perturbe la faune comme la flore et a une incidence sur l'agriculture. En Côte d'Ivoire, ce secteur représente un quart du PIB et plus de la moitié des emplois du pays. Pour le cacao, les fèves ne poussent plus normalement et noircissent. En effet, les feuilles des cacaoyers qui servent à protéger les fèves sèchent et tombent. Résultat, les rendements s'effondrent. Une parcelle qui servait à produire une tonne de chocolat n'en produit plus que 300 kilos. Les coups de chaud successifs entraînent aussi des malformations de fleurs, qui ne poussent plus correctement. Il faut plus d'eau, mais à cause de la chaleur, l'eau se fait plus rare, car il y a une plus grande évaporation des eaux.

Ainsi, selon les prévisions du gouvernement ivoirien, le changement climatique pourrait "entraîner des pertes annuelles du PIB de 3 à 4,5% entre 2020-2030".

Des records aussi à Cuba, au Japon, aux Philippines, au Canada

Ce qui se passe en Afrique se déroule de la même façon un peu partout dans le monde, c'est assez impressionnant. Cuba a enregistré jeudi 11 avril un record de température à 40,1°C, alors que c'est le mois d'août qui est le plus chaud de l'année. Le Japon a observé un record à Sapporo, aux Philippines, où des milliers d'écoles ont fermé il y a une semaine, en raison de températures trop élevées. Au Canada, tous les indicateurs sont dans le rouge. Un hiver plus chaud que la normale, une sécheresse généralisée et de faibles accumulations de neige dans la plupart des régions. Les autorités craignent un nouvel été catastrophique sur le front des feux de forêt.

On pourrait ajouter l'Espagne, la France, et plein d'autres pays où la tendance est inquiétante. Mars 2024 a été le mois de mars le plus chaud jamais enregistré dans le monde, et la chaleur des océans a atteint un nouveau record absolu avec 21,07°C de moyenne mesurés en surface, hors zones proches des pôles.

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