En Bulgarie, les élections législatives marquent l'affaiblissement du Premier ministre en place
Les résultats partiels des législatives bulgares ont confirmé lundi 5 avril la victoire des conservateurs du Premier ministre Boïko Borissov, mais l'ampleur du vote protestataire, divisé entre plusieurs partis, ouvre une période d'instabilité.
En Bulgarie, le pays le plus pauvre et le plus corrompu d’Europe, les résultats des élections législatives qui se sont déroulées dimanche 4 avril sont très surprenants et bouleversent la vie politique nationale. L'incertitude règne encore pour savoir qui va gouverner le pays mais parmi les prétendants au pouvoir, on retrouve un ex-karatéka et un chanteur star.
L’actuel Premier ministre Boïko Borrisov est l’homme fort de la Bulgarie. Ex-karatéka, ex-garde du corps, Il est en poste depuis 2009. Un physique d’homme musclé, le crâne rasé, Boïko Borrisov a focalisé sur lui une partie des critiques et des accusations de corruption du pouvoir en place. La Bulgarie a connu l’an dernier des manifestations puissantes et longues. Borissov a été pointé à plusieurs titres notamment en raison de sa mainmise sur la justice, sur le parquet et des affaires qui n’aboutissent pas. Et puis il y a eu, ces photos de lui, nu, endormi à côté d’une arme et d’une liasse de billets de 500 euros. Cela fait mauvais genre, c’est le moins qu’on puisse dire. Il paye aujourd’hui, pour ses actions et son impopularité.
Un vote sanction pour l'actuel Premier ministre
Son parti, conservateur, réalise son plus mauvais score depuis 12 ans. Et il va avoir du mal à former un gouvernement. L’extrême droite, alliée de la précédente mandature, est balayée et n’entrera pas au parlement. Il tente actuellement de se maintenir au pouvoir en se présentant comme un homme d’expérience, solide, dans une vie politique chamboulée. En bref, l’homme qu’il faut pour piloter le pays en pleine pandémie. Il en appelle à un gouvernement d’union, d’experts au moins jusqu’à la fin de l’année. Mais pas sûr que cela fonctionne.
L'émergence de partis contestataires
Impossible de dire pour le moment qui va gouverner le pays tant la surprise est forte depuis l’annonce des résultats. Le parti socialiste, autre pilier de la vie politique bulgare s’effondre et de nouvelles forces font leur apparition. C'est le cas de trois partis contestataires, très différents, de gauche ou de droite qui ont justement fait campagne sur la lutte anti corruption.
Parmi eux, il y a celui du chanteur, Stansilav Trifonov. Également star de la télé qui anime son propre show. Une boucle dans chaque oreille, crane rasé lui aussi, c'est une star dans son pays. Ses détracteurs aiment à dire que ses chansons sont plus longues que son programme. "Slavi" comme le surnomment affectueusement les Bulgares, a le verbe fleuri, dénonce volontiers les "connards de dirigeants" comme il les appelle. Et il aura aussi bien sûr un rôle clef dans la constitution du futur gouvernement, en fonction des alliances qu’il parviendra ou non à passer. Pour l’instant, il cherche à montrer que lui aussi est un homme responsable. Soutenu, par de nombreux coronasceptiques, il a précisé dimanche 4 avril à son électorat qu’il allait s’isoler. Il présente, en effet, des symptômes du coronavirus.
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