En Pologne, le drapeau arc-en-ciel s'affiche malgré l'opposition du pouvoir
Une marche des fiertés LGBTI se tient samedi 14 septembre à Szczecin, en Pologne, l'un des pays en Europe où les droits des minorités sexuelles sont les plus contestés. Le soutien, en provenance de l'étranger, s'amplifie.
En Pologne, les marches de revendication sont régulièrement la cible de violences, comme cet été à Bialystok, dans l'est du pays : des manifestants ont été pris à parti par des hooligans proches des milieux nationalistes.
Ce samedi 14 septembre, c'est à Szczecin qu'est organisée une "marche de l'égalité". Szczecin n'est pas très loin de la frontière allemande, à 150 kilomètres de Berlin. Les militants allemands de la cause des lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes ont donc prévu de grossir les rangs du défilé pour soutenir leurs voisins polonais. Une solidarité "nécessaire", disent-ils, dans un climat polonais ouvertement homophobe. Un conseiller municipal de Szczecin a officiellement appelé les habitants à se rassembler dans le centre-ville, avec des balais et des sprays désinfectants, pour "libérer les rues des parasites, de la saleté et de nos ennemis".
Un discours homophobe au plus haut niveau politique
Le PIS, le parti conservateur nationaliste au pouvoir, ne se prive pas de dénoncer "une idéologie de genre" contraire aux valeurs polonaises. Il en fait même "une menace pour l’identité nationale". Il y a quelques années, les réfugiés endossaient ce rôle de bouc émissaire; aujourd'hui, cette question LGBTI est l'un des principaux thèmes de campagne du parti de Jaroslaw Kaczynski. Elle l'était pour les élections européennes en mai dernier, elle l'est de nouveau pour les législatives du 13 octobre prochain. Sur ce terrain, les politiques et les religieux font cause commune : le numéro deux de la très influente Eglise polonaise a dénoncé à plusieurs reprises une « peste arc-en-ciel » qui aurait remplacé la "peste rouge" du communisme. Au sein du parti, les voix de résistance sont inexistantes. Au sein de l’Eglise, marginales. Ceux qui ont déjà tenté de défendre la cause homosexuelle ont été changés d'affectation ou interdits d'expression dans les médias. La société civile suit la même tendance. Depuis le début de l’année, une trentaine de villes et communautés de communes se sont déclarées "zones libres" de l’idéologie LGBTI. La Cour constitutionnelle, acquise au pouvoir, a quant à elle donné raison à un imprimeur qui avait refusé d’imprimer les tracts d’une association en expliquant qu'il n'avait pas les mêmes valeurs.
Un soutien venu de l'étranger
Le monde de l'art et de la culture se mobilise pour la communauté polonaise : un label américain et une plateforme de musiques électroniques ont créé une playlist payante de 117 morceaux. Tous les bénéfices des ventes seront reversés aux associations polonaise soutenant les LGBT.
Le groupe de métal Rammstein, actuellement en tournée européenne, interpelle régulièrement son public sur cette question. Un hashtag a été créé sur les réseaux sociaux à la manière du #Meetoo : #jestemzLGBT ("Je suis avec les LGBT").
Mais le signe le plus positif, c'est sans doute que les pays de l'est, très rétifs à cette évolution sociale, semblent progressivement s'ouvrir à la question homosexuelle. La semaine dernière, après plusieurs échecs, la ville de Sarajevo a organisé sa toute première "marche des fiertés". 2 000 participants, 1 000 policiers... mais pas de violence. La ville était la dernière capitale des Balkans à s'affranchir des pressions. Le défilé s'est même tenu en présence des ambassadeurs américain, français, italien ou encore britannique.
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